Les élus locaux font leur deuil après l'abandon du projet de Center Parcs à Roybon, en Isère. Beaucoup espéraient qu'il redynamise ce secteur en perte d'attractivité.
Le groupe Pierre et Vacances jette l'éponge. Bloqué par des recours et des procédures judiciaires depuis plus de 10 ans, son projet de Center Parcs à Roybon (Isère) ne verra pas le jour. Mille cottages, des commerces et des restaurants devaient être construits autour d'un espace aquatique sous la forme d'une bulle transparente avec piscines, toboggans et jacuzzis. Le projet faisait l'objet d'une guerre d'usure entre son promoteur et des opposants, militants pour l'environnement et "zadistes" qui occupaient illégalement le site depuis 2014.
Si les associations luttant pour la protection de l'environnement affichent leur satisfaction, ce n'est pas le cas des élus locaux. Nombre d'entre eux soutenaient ce projet, le jugeant bon pour l'emploi, à l'image du président du Conseil départemental. "Je trouve que la méthode est un peu raide de la part de Pierre et Vacances, nous avons été partenaires pendant des années et ne pas nous avoir informé au préalable de leur décision, c'est un peu dur à avaler", a déclaré Jean-Pierre Barbier sur France Bleu Isère jeudi 9 juillet, estimant que ce projet alliait "le développement économique, le développement touristique et la protection de l'environnement - puisqu'il ne touchait que 0,5% de la forêt des Chambaran".
Le maire de Roybon y voyait un espoir de "redynamiser ce village" en perte d'attractivité. Pierre et Vacances promettait la création de 700 emplois une fois le site ouvert. "(Je suis) très triste pour les Roybonnais, pour les conséquences qui seront dramatiques pour notre commune", a déclaré Serge Perraud au micro de France 3 Alpes. Un collectif d'habitants s'était même monté au sein du village pour soutenir le projet.
"Viictoire collective"
"Ils préfèrent aller faire des projets ailleurs où il y a beaucoup moins de problèmes", tranche Christian Lucciani, président de l'association vivre en Chambaran, listant les nombreux épisodes juridiques qui ont émaillé ce projet. "Center Parcs va maintenant construire en Allemagne, au Danemark et ces gens-là auront l'emploi, ces gens-là auront les retombées économiques pour leur territoire. Ca ne sera pas en Isère et c'est bien dommage."
Au centre de l'opposition, l'association France nature environnement (FNE) salue "une victoire collective". "L'abandon du projet, c'est une bonne nouvelle pour la nature, l'environnement et surtout, c'est la préservation de la ressource en eau qui était un des motifs principal de mobilisation contre ce projet", estime Francis Odier, président de l'association.
La dernière bataille judiciaire se jouait sur le terrain de la définition à retenir pour une "zone humide". Pierre et Vacances avait déposé une question prioritaire de constitutionnalité à ce sujet, mais a annoncé l'abandon du projet avant de savoir qui obtiendrait gain de cause. "On a face à nous une politique systématique de recours contre l'ensemble de nos autorisations", déplore Stéphane Lerendu, directeur du développement France au sein du groupe. Le PDG ne chiffre pas le manque à gagner lié à l'abandon du projet de Roybon, mais insiste sur le fait qu'"il n'y aura aucun impact sur la trésorerie du groupe".