Une vingtaine d'occupants de la ZAD de Roybon ont été évacués ce mardi par les forces de l'ordre. Ils se trouvaient sur le site depuis six ans pour s'opposer à un projet de Center Parcs, abandonné depuis plus de trois mois. Les relations étaient tendues avec les habitants.
C'est la fin de six ans d'occupation de la forêt de Chambaran. Six ans de tensions entre zadistes et habitants de Roybon (Isère). Les 28 derniers occupants du campement illicite ont été expulsés mardi 13 octobre, dans le calme, par plus de 200 gendarmes.
"On ne sait pas du tout où on va. Notre projet c'était de rester mais notre maison, ils sont en train de la casser, donc on va voir mais bien sûr on rebondira et on continuera de défendre la forêt", témoigne une zadiste. Les cabanes ont commencé à être détruites dans l'après-midi, l'opération devrait durer deux à trois jours. Il faudra aussi évacuer la trentaine de carcasses automobiles et les matériaux entassés sur le site.
Isère : évacuation de la ZAD de Roybon, le campement des zadistes en place depuis 6 ans détruit#Zad #Roybon https://t.co/ap4AEhV4sc pic.twitter.com/1jH4emTwZQ
— France 3 Alpes (@f3Alpes) October 13, 2020
Les relations étaient tendues entre zadistes et Roybonnais, les premiers s'opposant au projet - désormais enterré - de Center Parcs et les seconds y étant plutôt favorables. "On se retrouve dans le village à voir des gens qui nous traitent de glandeurs, de ci, de ça, alors que justement, ce qu'on fait, ça demande du courage. On ne vit pas dans le confort. C'est dommage", poursuit la même zadiste.
"Ca fait plaisir de voir que, quelque part, il y a eu un professionnalisme dans la manière de l'expulsion, qu'on n'a pas été victimes de violences à partir du moment où on obtempérait, complète-t-elle. Mais ça n'empêche qu'on est triste que des modes de vie qui consistent simplement à essayer de vivre dans la forêt, que ça ne soit pas accepté."
"Pourquoi ça n'a pas été fait il y a 6 ans ?"
Dans les rues de cette commune d'un millier d'habitants, on pousse un ouf de soulagement. "Il y a déjà un moment qu'ils auraient dû le faire. Franchement, il y a eu pas mal de problèmes", juge une habitante. L'abandon du projet par Pierre et Vacances, annoncé le 8 juillet, a laissé sur leur faim habitants et collectivités locales qui ont longtemps vu là une opportunité de développement économique et d'emplois locaux.
Le groupe a justifié sa décision par les multiples recours d'opposants, l'enlisement des procédures judiciaires, l'occupation illégale du site et la caducité de l'autorisation de défrichement indispensable à la réalisation du projet. Pour le maire Serge Perraud (UDI), "c'est une bonne chose que l'évacuation soit réalisée (...) c'était important que l'on retrouve une certaine sérénité". "Il y a quand même un climat de haine entre les Roybonnais et les zadistes, reconnaît-il. Compte tenu de la période, il était judicieux de vite faire partir ces zadistes, de les envoyer loin de Roybon, sachant qu'ils n'ont plus rien à y faire puisque quelque part, ils ont obtenu ce qu'ils voulaient."
"Mais pourquoi ça n'a pas été fait il y a 6 ans ?", demande le maire, regrettant que l'Etat de droit fonctionne "quand ça n'intéresse plus personne". Il faudra attendre plusieurs jours avant de voir le site nettoyé. Au cours des opérations ce mardi, trois gardes à vue ont été ordonnées pour usage de stupéfiants, détention d'armes et refus de prises d'empreintes. Un bus a été spécialement été affrété pour acheminer les zadistes, libres, vers Grenoble.
Une fois l'affaire close, le maire souhaiterait que la vente du terrain se fasse pour un euro symbolique, "compte tenu des dommages collatéraux de cette affaire". Le groupe Pierre et Vacances, propriétaire des lieux, a récemment mandaté la Société d'aménagement foncier et d'établissement rural (Safer) de l'Isère pour étudier les différentes options de cession.