Olivier Morel, un habitant d'Échirolles (Isère) atteint d'un handicap depuis sa naissance, se bat pour pouvoir régulariser l'un de ses auxiliaires de vie, Peter Nyati. Le jeune Kényan, arrivé légalement en France en septembre 2022 pour enseigner l'anglais, voit son dossier de renouvellement de visa bloqué en préfecture. Une situation qui le met dans une position difficile.
"Une situation ubuesque". C'est ainsi que Peter Nyati, originaire du Kenya, arrivé en France légalement en septembre 2022 pour enseigner l’anglais, décrit sa situation. Après avoir travaillé sept mois dans l'Education nationale, il avait envie de changer de secteur professionnel. "Du coup, j’ai travaillé comme auxiliaire de vie avec une boîte à Grenoble. Le 1er août, j’avais envie de renouveler mon visa pour continuer."
Entre-temps, le jeune homme a rencontré Olivier Morel qu’il a assisté pendant plusieurs mois. Que ce soit pour se laver, manger ou se rendre au travail, l’aide de Peter est essentielle. "Peter est dans une équipe de six personnes. Il intervient trois fois par semaine", raconte Olivier Morel, atteint d'un handicap depuis sa naissance. "Si une personne part pour des raisons X ou Y, en l’occurrence pour des raisons administratives, je dois remplacer la personne."
C’est un métier qui m’aide beaucoup au niveau de l’intégration.
Peter Nyati
D'autant plus que le service d'aide à la personne est un secteur en tension, souligne Olivier. Le recrutement d’un auxiliaire de vie "n’est pas simple parce que ce n’est pas un métier qui est reconnu à la hauteur où cela doit être. Et ce n’est pas un métier qui est très bien payé."
Pourtant, Peter prend du "plaisir" dans ce nouveau poste. "C’est un métier qui m’aide beaucoup au niveau de l’intégration, au niveau de la langue française, au niveau de la connaissance de la culture française."
"On l'empêche de travailler"
Entre les deux hommes, une bonne relation s'est rapidement installée, comme l'exprime Olivier. Un élément important dans la relation entre l'aidant et la personne. "Il faut trouver quelqu’un avec qui ça matche. Là, ça a été le cas avec Peter. Ce n’est pas tout le temps cas." En plus des qualités humaines, il décrit la grande capacité de Peter de pouvoir s’adapter. "Il réagit très vite face à beaucoup de situations."
On l’empêche de travailler par rapport à des problèmes administratifs. Un moment donné, c'est trop rigide.
Olivier Morel
Depuis cet été, il aide le jeune Kényan de 26 ans dans ses démarches administratives. D'autant plus que ce dernier, faute de permis de travail, ne peut plus travailler à ses côtés : "Il est dans une situation très difficile. Quand il est allé faire une demande de régularisation de papiers, on lui a quand même demandé d’aller travailler et de présenter des fiches de paie. C’est complètement fou parce qu’il n’y a pas un employeur qui va lui faire une fiche de paie dans sa situation." On lui a même "conseillé" de retourner à Nairobi pour demander un visa de travail, indique Olivier.
Peter raconte avoir voulu déposer son dossier à la préfecture, le 19 janvier dernier. "Ils n’ont pas accepté notre dossier au guichet. Ils ne l’ont pas examiné." C'est pourquoi Olivier Morel en appelle aux autorités françaises. "Je demande au préfet de bien vouloir examiner le dossier. De voir que la présence de Monsieur Nyati est indispensable. Et s'il ne se rend pas compte, je suis tout à fait disposé à lui expliquer."
Olivier Morel déplore le manque d'humanité dans cette affaire. "Le service d’aide à la personne est un secteur en tension. On a trouvé une personne qui accepte de travailler dans ce secteur-là et qui veut (faire) son avenir dans ce secteur-là. On l’empêche de travailler par rapport à des problèmes administratifs. Un moment donné, c'est trop rigide." Pour l’instant, les services de l’État n'ont pas réagi à l'appel des deux hommes.