Des bénévoles ont nettoyé des sites de dépôts sauvages de déchets ce week-end dans quatre zones du massif de la Chartreuse, à l'appel d'associations locales. Un travail de fourmi engagé depuis plus de dix ans par le collectif Chartreuse propre.
Les photos publiées par le collectif d'associations Chartreuse propre sont éloquentes. Des bidons et des carcasses de voiture jonchent les bords d'une rivière, de la ferraille s'entasse en bas d'une zone en pente, des pneus ou des aérosols sont récupérés dans des broussailles.
"La Chartreuse n'est pas plus sale qu'ailleurs", indique Sylvain Nogues, coordinateur du collectif Chartreuse propre, "mais quand on se balade le long des rivières et que l'on voit un point d'intersection avec une route et que le terrain est en pente, on retrouve des déchets".
Depuis 2008, des associations locales se sont fédérées pour mener des actions ponctuelles, de nettoyage de dépôts sauvages. Ce samedi 9 octobre, une centaine de personnes a ramassé des détritus dans quatre sites de Chartreuse.
"Ce sont parfois d'anciens sites de décharge, comme à Quaix en Chartreuse. On avait déjà mené deux opérations de nettoyage en 2010 et 2011 mais on est revenu cette année parce qu'il y avait de nouveaux déchets", poursuit Sylvain Nogues.
Dépôts involontaires ou délibérément cachés ?
"On a trouvé des cuisinières, des gazinières ou des machines à laver et aussi beaucoup de plastique, de verre et un nombre surréaliste de cartouches d'armes à feu", explique-t-il.
Reste à tenter d'expliquer le phénomène, à l'heure où le tri des déchets et le recours aux déchèteries semble être plus systématique pour une majorité de la population.
"Les dépots sauvages sont rarement involontaires. Les gens déposent parfois des objets à côté d'une benne en pensant que quelqu'un viendra les débarasser. Mais lorsque la benne est située près d'un ravin ou d'une zone en pente, les déchets partent dans la nature".
Faire preuve de pédagogie
Au vu des gravats et des matériaux de chantier retrouvés, il semble que certains dépots sauvages soient le fait d'artisans peu scrupuleux.
"Lorsque vous êtes sur un chantier en Chartreuse et qu'il faut amener les déchets en déchèterie, c'est onéreux. Cela monopolise du personnel pour faire les allers-retours et cela veut dire beaucoup de temps consacré à cela", avance Sylvain Nogues, qui cherche des explications à ces comportements.
Ces découvertes révoltent les bénévoles, mais ils ont choisi d'opter pour la pédagogie et la sensibilisation à la préservation de l'environnement plutôt que de pointer du doigt les auteurs de ces dépots sauvages.
Car en dix ans les mentalités ont globalement évolué. "On est mieux accueillis dans notre démarche", confie le représentant de Chartreuse propre.
Mobiliser l'ensemble des acteurs du territoire
Les pouvoirs publics, eux aussi, sont de la partie. Les associations travaillent en lien avec les municipalités et les communautés de communes pour organiser ces journées de nettoyage. Un renfort bienvenu pour les services techniques parfois "démunis en termes de moyens ou de connaissances" pour évacuer ces déchets disséminés dans la nature.
"Samedi, à Saint-Hugues, il y avait une douzaine d'enfants sur le chantier. C'est super intéressant car ils sont très motivés. On se dit qu'on travaille sur le long terme. ces enfants-là n'iront pas benner leur machine à laver dans la rivière. Et ça, c'est magnifique", se rejouit Sylvain Nogues, par ailleurs secrétaire de l'association Les Amis du Parc de Chartreuse.
Cette année, le collectif Chartreuse propre a réalisé sept opérations de nettoyage réparties sur trois journées. Sur la seule journée de samedi, les bénévoles ont ramassé entre 60 et 80 mètres cubes de détritus.
Les associations appellent ceux qui le souhaitent à se mobiliser pour sauvegarder le massif. Il est également possible de signaler les dépôts rencontrés, via l'application "Sentinelles de la nature" de l'association France Nature Environnement, membre du collectif.