Conseil départemental de l'Isère : visée par une plainte, Magali Guillot est suspendue de ses délégations

Le président du conseil départemental de l’Isère a annoncé qu’il retirait ses délégations à Magali Guillot, vice-présidente déléguée à la santé. Visée par une plainte pour abus de confiance, elle est dans le collimateur de la justice pour sa gestion d’un Ehpad à Saint-André-le-Gaz.

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Dans un communiqué publié ce 23 janvier, Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental de l’Isère, annonce avoir suspendu à titre conservatoire Magali Guillot "de l’ensemble de ses délégations au titre du département". 

La vice-présidente déléguée à la santé se voit donc retirer cette délégation. Elue, elle conserve néanmoins son rôle de conseillère départementale. 

 

Les faits reprochés

Cette décision fait suite à un article du Dauphiné Libéré, publié la veille, qui relaye l'enquête du Parisien. Dans cet article, le journal explique que Magali Guillot, conseillère départementale, présidente de la communauté de communes des Vals du Dauphiné et maire (LR) de Saint-André-le-Gaz, serait dans le viseur de la justice pour sa gestion d’une résidence sénior.

Car en plus de ses mandats politiques, l’élue est également présidente de la société Domijosc, qui gère la maison de retraite Les Pérolines située à Saint-André-le-Gaz (voir carte ci-dessous). 

 

Selon le média, plusieurs propriétaires, ayant investi dans des chambres de l’Ehpad, n’auraient pas touché les loyers depuis décembre 2019. Aujourd’hui, la société devrait plus de 150 000 euros aux propriétaires.

Après plusieurs mises en demeure restées sans réponse, le tribunal de Bourgoin-Jallieu a condamné en août dernier Magali Guillot à rembourser les loyers impayés. Mais depuis, les propriétaires n’auraient toujours pas eu de nouvelles de l’élue, qui reste aux abonnés absents, comme le rapporte le Dauphiné Libéré.

 

Une plainte pour abus de confiance

Le Parisien, qui a sorti l’affaire, ajoute qu’une plainte pour  abus de confiance a été déposée contre Magali Guillot et sa société le 6 janvier dernier. Pire, le média précise que cette dernière est également visée par une enquête Tracfin, l’agence de lutte contre les fraudes fiscales, sur requête du procureur de Bourgoin-Jallieu.

Selon Le Parisien, "la société Domijosc y est décrite comme une coquille vide qui a pour fonction un enrichissement personnel. L'enquête effectuée sur la période entre mai 2018 et juillet 2019, a révélé que les dépenses de la maire de Saint- André-le-Gaz, à titre personnel, représentaient le double de ses revenus officiels, de l'ordre de 10 000 euros mensuels".

 

A ce jour, ma cliente n'est pas mise en examen ni poursuivie

Contacté, Me Hervé Banbanaste, l'avocat de Magali Guillot, reconnaît que la procédure civile pour les loyers impayés n'est pas contestée, invoquant des difficultés financières. En revanche, il conteste les accusations d'abus de confiance et dénonce un amalgame entre la procédure civile et la procédure pénale. "A ce jour, ma cliente n'est ni mise en examen, ni renvoyée devant le tribunal correctionnel ni poursuivie par le procureur de la République, précise Me Banbanaste. Il va falloir prouver ces accusations sinon elle contre-attaquera pour dénonciation calomnieuse". 

Concernant l'enquête de l'agence de lutte contre les fraudes fiscales, "aucun élément ne permet d'accréditer cette thèse" précise l'avocat. 

 

Supendue à titre conservatoire

Malgré les arguments de Me Banbanaste, le silence de l’intéressée et les faits qui lui sont reprochés ont tout de même conduit le président du conseil départemental à lui retirer ses délégations. Jean-Pierre Barbier assure avoir découvert les faits en lisant la presse ce 23 janvier.

En effet, la structure privée Les Pérolines n’est ni financée par le département, ni placée sous son autorité. Le département "ne disposait donc d’aucune information sur la gestion financière de cette résidence senior et sur les difficultés rencontrées" justifie-t-il dans le communiqué.

Le président du conseil départemental, qui précise "ne pas porter de jugement" sur l’affaire en cours, conclut toutefois qu’il a décidé de retirer ces délégations à Magali Guillot afin de lui permettre de "se consacrer pleinement à sa défense dans cette affaire à caractère privé".

Pour l'avocat de Mme Guillot, cette décision "s'apparente à une sanction qui ne repose sur rien". Il ajoute que sa cliente "est dans un esprit très combatif et qu'elle ne compte pas se laisser faire"

 

 

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