350, c'est le nombre de Conforama qui vont fermer en France dans le cadre du plan de licenciement. À Grenoble et la Tour du Pin, c'est respectivement 50 et 20 salariés qui vont perdre leur emploi. Ils se sont rassemblés ce mardi 22 octobre pour demander des indemnités plus importantes.
"C’est offensant", martèle Salim Radjah, représentant Force Ouvrière (FO) et employé dans le secteur de la logistique à Conforama, le fameux détaillant de mobilier. Un plan de licenciement, dont la procédure a commencé fin juillet 2019, va frapper les salariés de la filiale du groupe Steinhoff : 1905 suppressions de postes et 32 fermetures de magasins sont annoncées. Parmi eux le magasin de Grenoble et de la Tour du Pin qui emploient respectivement 50 et 20 salariés.
Ce mardi 22 octobre, les salariés isérois en grève se sont rassemblés devant le magasin de La Tour du Pin (à 45 minutes de Bourgoin-Jaillieu) qui était de ce fait fermé, tout comme celui de Grenoble. Ce rassemblement s'inscrit dans le mouvement de "grève illimitée" lancée la semaine dernière dans toute la France. Les salariés réclamaient une augmentation de l'indemnité supra légale (c’est-à-dire en plus des indemnités de licenciement imposées par la loi). Ils ont été rejoints par d’autres employés de la région (Saint-Georges d'Espéranche, St Egrève et St Priest) et la manifstation s’est prolongée dans l'après-midi. Le temps n’était pas très clément avec les manifestants, vêtus de doudounes et de polaires. Un feu a même été allumé devant les portes closes du magasin.
Journée de négociations
Dans le même temps, se tenait la huitième journée de négociations au siège de la filiale à Lognes (77) entre les représentants syndicaux et la direction. Ce matin les indemnités supra légales forfaitaires proposées aux ex-salariés étaient de 1000 à 2500 euros, soit de "misérables aumônes" d’après le syndicat. De nouvelles propositions ont été faites à l'issue des négociations :- 2000 euros pour 5 ans d'ancienneté
- 3000 euros entre 5 et 10 ans d'ancienneté
- 4000 euros entre 10 et moins de 15 ans d'ancienneté
- 5000 euros entre 15 à moins de 20 ans d'ancienneté
- 7000 euros pour 20 ans et plus d'ancienneté
- 500 euros en plus par année d'ancienneté à partir de 25 ans d'ancienneté
Il a une ancienneté assez forte chez Conforama. Les salariés se sentent blessés parce qu'ils ont travaillé longtemps pour l'entreprise.
- Conforama
L'indemnité supra légale revêt une grande importance pour les licenciés puisque l'indemnité de licenciement de base est peu conséquente. Pour exemple, selon le site du gouvernement, un employé qui a travaillé 12 ans et neuf mois, dont le salaire a été de 1 500 euros brut, perçoit 5 125 euros d’indemnités de licenciement. D'autant plus que les employés touchés par cette vague de licenciements ont pour la plupart 25 à 30 ans d’ancienneté d'après le syndicat FO. Leur l’âge peut donc faire barrage pour espérer retrouver un travail.
Plan de sauvegarde de l'emploi
Sur ce point, la direction insiste sur l’accompagnement qu’elle propose aux futurs ex-salariés : "La priorité, c'est de favoriser le retour à l'emploi." En effet, des aides seront par exemple proposées pour financer d’éventuelles formations : 4.000 euros pour une formation courte et 10 000 euros pour une formation de reconversion diplômante ou qualifiante. Des aides à la création d'entreprise pourront également être versées.
Ce mardi, d'autres pistes ont été abordées pendant les négociations telles que les congés reclassement : des périodes pendant lesquelles le salarié conserve son salaire tout en se formant à côté. Une mesure qui vise à protéger les plus âgés. Plus l'âge de la personne est avancé, plus le congé serait long (jusqu'à 24 mois). Au total, Conforama prévoit à ce jour une enveloppe totale de 100 millions d'euros.
La fédération des employés et cadres fo soutient les salariés de Conforama dans leur lutte contre les fermetures de sites et les suppressions d'emplois ! pic.twitter.com/93xz6IVx2E
— Fédération des Employés et Cadres FO (@FECFO) October 22, 2019
Les départs devraient commencer début janvier. D'abord par un plan de départs volontaires puis par un plan de reclassements. Les licenciements contraints, eux, ne devraient avoir lieu qu'au printemps.
Les syndicats restent mobilisés. Ils ne veulent pas payer pour un groupe qui a fait "de graves malversations financières", eux qui ont "tout donné à leur entreprise". La direction dit, elle, connaître "de vrais difficultés" dûes notamment à "la crise que traverse le commerce de l'ameublement".