VIDÉO. Villa de luxe, salle de bains de 1200 m2 et céramiques énigmatiques : ce site gallo-romain unique attire les passionnés d'archéologie

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Mais qu'étaient donc venus faire les Romains dans ce marais du nord de l'Isère ? C'est l'une des énigmes auxquelles doit répondre ce chantier de fouilles archéologiques du Vernay à Saint-Romain-de-Jalionas. ©France 3 Alpes

Cela fait des décennies qu'ils viennent tous les étés dans un petit village de l'Isère. En ce mois de juillet, ils sont une quinzaine à mettre au jour les vestiges d'une luxueuse villa gallo-romaine construite sur un terrain de 13 hectares. Un site archéologique unique qui regorge d'énigmes historiques que ces passionnés s'emploient à résoudre.

"C'est un lieu où des hommes n'auraient jamais dû vivre, alors qu'ils y ont vécu de 3000 ans avant Jésus-Christ jusqu'à la fin du Moyen-Âge : le château construit sur l'emplacement de la villa gallo-romaine ayant été détruit en 1430".

Après plus de 30 ans passés chaque été sur le site archéologique du Vernay à Saint-Romain-de-Jalionas, Robert Royet en a vu défiler des bénévoles passionnés. Ils sont encore une quinzaine cet été, venus de Toulouse, du Jura ou d'ailleurs. Tous animés par cette passion pour les énigmes historiques. Celle par exemple qui a poussé un patricien gallo-romain à se faire bâtir une villa de luxe sur les 13 hectares de cette partie du nord de l'Isère.

Une lutte permanente contre les éléments

"Même si, aujourd'hui, vous voyez ce site sec et ensoleillé, une bonne partie de l'année c'est un site humide et malsain. Surtout à l'époque, à cause de sa proximité avec un marécage et une rivière. Pour y vivre, de gros travaux de drainage et d'assainissement étaient indispensables... C'est loin d'être un lieu facile à aménager. Plutôt celui d'un combat permanent."

Et comme si toute cette eau environnante, à canaliser, à surveiller ne suffisait pas, c'est bel et bien sur ce site que le seigneur gallo-romain a choisi d'implanter une salle de bains aux dimensions XXL : près de 1200 mètres carrés ! Un rituel, d'après les archéologues dans tout l'empire romain. Pour s'assurer une bonne hygiène, une bonne santé... mais pas seulement.

"C'était aussi un lieu de convivialité. Car à côté, on va aussi implanter des installations sportives, culturelles ou des pièces où l'on va se ressourcer avec ses amis, en lisant, par exemple. C'est ici, en fait, que va se dérouler une bonne partie de la vie de l'aristocrate terrien qui cherche à vivre dans le luxe et l'oisiveté".

Un signe extérieur de richesse

Après plusieurs décennies de fouilles, on en sait donc déjà beaucoup sur les us et coutumes des occupants successifs du site, chaque été apportant son lot de découvertes. Un stimulant certain pour Frédéric, un Toulousain abonné à ce chantier estival, depuis plus de 20 ans. 

"À la base, j'avais postulé sur des chantiers préhistoriques ou sur l'époque médiévale. Mais je voulais absolument faire du "gallo-romain". Et vue l'importance de ce site, avec sa villa impressionnante, j'ai été poussé à revenir chaque année pour voir comment le chantier évoluait".

Affairée un peu plus loin sur le gigantesque chantier, Lia est aussi là pour son plaisir, mais pas seulement. Cette doctorante en géo-archéologie, originaire de Franche-Comté, mène sa propre enquête historique, plantée devant un mystérieux dépôt de céramiques.

"On avait commencé à fouiller cette zone l'an dernier. Depuis, on a fait une analyse sur l'un des pots à cuire que l'on avait retrouvé. Apparemment, il aurait contenu de la bouillie de millet, du vin et même des fleurs... On a plein d'indices dont une datation du 1er siècle avant Jésus-Christ. On essaie de comprendre, mais c'est vraiment un grand fossé plein de choses étonnantes !"

"Un site unique"

Été après été, pièce par pièce exhumée de la terre, on reconstruit ainsi des tranches de vie des hommes. Pour comprendre leurs interactions, la façon dont sont structurées leurs sociétés. Ce qui les pousse à voir parfois, toujours plus grand, toujours plus beau.

"L'aristocrate gallo-romain qui a voulu créer ce site, était assurément un homme de son temps", explique encore Robert Royet. "Il veut en jeter plein les yeux du visiteur ou du représentant de l'administration qui vient le voir. Et toutes les générations qui vont lui succéder vont apporter leur pierre à l'embellissement du site jusqu'à l'extrême fin de l'Antiquité. En pleine décadence de l'Empire romain, on va donc avoir ici un propriétaire qui veut encore construire plus grand, plus beau... C'est vraiment ce qui rend ce site unique".

"Nous fouillons, c'est votre histoire".  Bien au-delà du plaisir d'exhumer des objets, des reliques d'un lointain passé, la devise de l'INRAP (l'Institut national de recherches archéologiques préventives), s'applique à merveille à ces enquêtes d'été vraiment pas comme les autres.

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