Plus de 20 000 Harkis ont transité par le camp de Rivesaltes, près de Perpignan, entre 1962 et 1965, soit un quart des Harkis de France. Durant cette période, au moins 146 personnes sont décédées lors de leur passage par le camp Joffre. 60 d’entre elles, dont 52 bébés, y ont été inhumées mais leurs corps n'ont jamais été retrouvés. Après dix ans de recherche, le site semble identifié.
Des tombes d'enfants harkis décédés entre 1962 et 1964, ont probablement été découvertes au camp de Rivesaltes, dans les Pyrénées-Orientales, lors de fouilles demandées par les familles, a-t-on appris ce mardi auprès de la préfecture. Des tombes mais pas de corps.
Grâce à un sondage effectué par les archéologues, on a localisé un cimetière, des tombes, qui pourrait être le cimetière harki. Il faut encore quelques semaines de travail archéologique pour le confirmer.
Bruno Berthet, secrétaire général de la préfecture des Pyrénées-Orientales
À ce stade, "pas de corps ou d'ossements retrouvés sur place selon les premières constatations", a-t-il ajouté. "Des levées de corps ont dû être effectuées" par le passé.
L'importance des témoignages et de la photo-interprétation
À Rivesaltes, une stèle commémorative dédiée aux Harkis recense 146 noms de personnes décédées, dont 101 enfants, parmi lesquels 86 de moins d'un an.
Les personnes qui ont été hospitalisées avant leur décès ont toutes été inhumées dans des cimetières de Perpignan, mais des familles cherchent encore à savoir où ont été enterrés une soixantaine de corps, dont ceux de 52 bébés.
Depuis 2014, cinq hypothèses de localisation du cimetière ont été successivement testées. Elles ont toutefois été invalidées par les recherches conduites. Le périmètre de recherche a été élargi et des photos aériennes ont été exploitées afin de repérer le cimetière harki. Le recoupement de différents clichés d’archive a confirmé une anomalie et une nouvelle possibilité de localisation du cimetière a été émise en juillet 2024.
Des sondages réalisés dans les tombes mais aucun corps
Des reconnaissances exploratoires ont été menées mi-septembre et fin octobre. Puis des sondages ont été réalisés du 26 au 29 novembre 2024. Cette opération a permis de confirmer la présence d’un cimetière sur le lieu identifié.
"Je suis anéantie", explique Ghalia Thami, dont le frère est mort quelques jours après sa naissance au camp de Rivesaltes.
Ils ont fait des repérages, ils ont effectué des fouilles, et il n'y a plus de corps. Personne ne sait où ils sont. Comment ont-ils pu enlever ces corps sans avoir de documents ? Ce n'est pas audible. Je ne pourrai jamais faire mon deuil.
Ghalia Thami, sœur d'une jeune victime décédée
"Les dernières recherches effectuées en novembre n'ont pas permis de répondre à leur question fondamentale de savoir où sont les dépouilles", admet Bruno Berthet.
Une réunion d'information avec les familles
Ce mardi, une trentaine de membres de familles harkis et représentants d'associations ont été reçus à la préfecture à Perpignan, où ils ont été informés des recherches entreprises.
Au cours de cette réunion, plusieurs perspectives ont été dressées afin de poursuivre les recherches enclenchées et d’apporter toutes les réponses aux familles concernées :
- Une cellule est créée au sein de l’ONaCVG afin de retrouver intégralement toutes les familles et de les associer aux différentes étapes de la recherche.
- Un temps d’échanges et d’explications sur place sera proposé aux familles au début de l’année 2025.
- Les investigations archéologiques feront l’objet d’un rapport circonstancié, lequel sera rendu public.
- Une journée scientifique sera organisée au mémorial du camp de Rivesaltes avec l’ensemble des acteurs concernés afin de présenter les recherches et leurs résultats.
"La réunion qui s’est tenue ce jour constitue une première étape dans un long travail de recherche auquel les familles seront systématiquement associées" conclut un communiqué commun de la préfecture, du Département des Pyrénées-Orientales et de la ville de Rivesaltes.