"C'est comme un rêve" : une cinquantaine de détenus de Grenoble-Varces décrochent un diplôme, entre fierté et espoir de réinsertion

Une cérémonie de remise des diplômes s'est déroulée mardi au centre pénitentiaire de Grenoble-Varces, en présence de la rectrice d'académie. L'aboutissement d'apprentissages suivis au cours de leur détention.

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"Soyez fiers de ce que vous avez réussi à obtenir, et continuez comme ça. Bravo !" Pour treize détenus du centre pénitentiaire de Grenoble-Varces, c’est un moment solennel qui s’est déroulé ce mardi 12 décembre. Après ces quelques paroles d’encouragement et à l’appel de leur nom, ils se sont levés un à un pour recevoir, des mains de la rectrice d’académie, le diplôme obtenu au titre de l’année scolaire 2022-2023 sous les applaudissements nourris de l’assemblée.

Premier diplôme

Pour certains, un CAP "équipier polyvalent du commerce". Pour d’autres, un Certificat de formation générale (CFG, équivalent à un niveau d'élève de troisième) ou un Diplôme d'études en langue française (DELF). Le couronnement d’apprentissages menés au cours de leur incarcération, grâce au programme de l’Union locale de l’enseignement – un volume total de 60 heures hebdomadaires délivrées par des volontaires au sein de la prison.

"Pour moi, c’est comme un rêve", témoigne un détenu qui peut désormais justifier d’un niveau A2 en français, et se dit heureux de pouvoir "parler", "discuter", "dire [ses] sentiments". "Je fais un projet pour écrire un livre de mon parcours, en prison, pour dire mes conseils à la génération de maintenant, pour ne pas faire les fautes ou les erreurs que j’ai faites déjà, moi", expose-t-il, rêvant désormais, "pourquoi pas ?", de la fac.

"Dehors, je n’ai jamais passé de diplôme, abonde un autre lauréat, maillot du PSG sur les épaules. Du coup, le fait d’en avoir un ici, je me dis que tout est possible." Le CFG en poche, un CAP en cours : les premières étapes pour, peut-être, trouver un emploi après la détention. "Et montrer aussi que même si on est en prison, on peut aussi faire des choses. On n’est pas forcément que de la racaille, que des mauvaises herbes."

"Une marque de courage"

Émotion partagée par la rectrice d’académie, Hélène Insel, qui se rendait pour la troisième fois dans l’établissement en maîtresse de cérémonie. "C’est très touchant", insiste-t-elle : "Je trouve que c’est une marque de courage, de confiance dans l’avenir, très attachante et surtout positive pour la suite de leur parcours et de leur insertion."

À partir du moment où on cherche à avoir un diplôme, c’est qu’on se projette vers un avenir. Évidemment, le diplôme va les aider : non seulement ça donne le moral pour se projeter mais très concrètement, ça facilitera l’insertion.

Hélène Insel, rectrice de l’académie de Grenoble

à France 3 Alpes

Le programme mené par des volontaires au sein de la prison vise en priorité les profils en situation d’illettrisme, peu qualifiés ou ne maîtrisant pas le français. "Systématiquement, lors du parcours arrivant, ça leur est proposé", expose le directeur du centre pénitentiaire. Ils peuvent ensuite suivre des enseignements de langue, d’histoire, de géographie… Et même, beaucoup plus rarement, préparer jusqu’au baccalauréat.

"C’est s’ouvrir à la possibilité d’accéder à des formations, appuie Patrick Malle. Très souvent, ils ont un niveau faible, pas suffisant. Le fait de passer par le secteur scolaire leur permet d’élever leur niveau de compétences." L’an dernier, ils sont 350 – majeurs et mineurs confondus – à avoir pu en bénéficier. Des efforts récompensés, pour une cinquantaine d’entre eux, par une réussite à un examen.

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