Suite à l'instauration du confinement généralisé, la compagnie Anoukis, basée dans le nord Isère, se retrouve sans activité pour plusieurs semaines. Elle a pourtant décidé de verser l'ensemble des salaires des artistes et techniciens, et appelle le monde culturel à faire de même.
"Pour la compagnie, je pense que ça va tanguer, je ne sais pas si ça passera. Mais quand la tempête souffle, jeter les plus précaires par-dessus le bastingage, n'est pas vraiment un signe de courage." Baija Lidaouane, directrice artistique du Théâtre d'Anoukis, tient ferme la barre. A l'horizon, solidarité et engagement envers ses artistes et techniciens.
Des pertes de revenus et de statut
Car depuis la propagation du coronavirus en France, et la mise en place d'un confinement généralisé mardi 17 mars, sa compagnie, basée à Saint-Marcel-Bel-Accueil (Isère), a vu son activité cesser brutalement."Pour nous, cela veut dire que la totalité des rentrées d'argent sont annulées, pour la fin du mois de mars, mais également pour avril, car le volet création est en suspens, les répétitions ne peuvent pas avoir lieu", s'inquiète la directrice.
Pourtant, la compagnie a assuré à tous ses collaborateurs que leurs contrats seraient honorés et qu'ils seraient payés, malgré l'absence de représentation. "Ce n'était mon premier instinct, je ne vais pas vous mentir, confie Baija Lidaouane. Le modèle économique de notre secteur est fragile (peu de fonds propre, absence de trésorerie et j'en passe). Nous intermittents, sommes payés à la date, à l'heure. On signe les contrats (quand on les signe) après avoir fini le travail parfois. Donc la plupart du temps, il n'y pas de chômage partiel ou technique."
"Ne nous abandonnez pas !"
Alors pour éviter les pertes de revenus, d'heures et parfois de statut que ces annulations auraient pu engendrer pour les artistes et techniciens, la compagnie Anoukis a finalement choisi la solidarité. "Je me suis dit que parfois gérer une compagnie c'était prendre ses 'cojones' par la main !", assure la directrice.Mais pour ne pas être le seul submergé par la vague, le théâtre Anoukis lance un appel plus large au monde culturel. "Nous devons être solidaires. Le monde culturel, ce sont les artistes, mais aussi le public ! Tous les gens qui achètent un CD ou vont au théâtre y appartiennent. Ne nous abandonnez pas ! L'ensemble de la chaîne doit faire face."
Pour montrer sa cohésion, Baija Lidaouane rappelle un geste simple : "Quand vous le pouvez, ne demandez pas le remboursement de vos places".
Quant à l'avenir de la compagnie, il demeure incertain. "On espère que les théâtres avec qui on travaille paieront tout de même les représentations, et qu'elles seront décalées à plus tard."