Les écoles de Moirans, en Isère, resteront fermées après le 11 mai, a décidé le maire Gérard Simonet. L'édile a pris un arrêté municipal de fermeture pour raisons sanitaires. Une décision qu'il a prise, dit-il, en tant que médecin. Il l'a été durant 40 ans.
L'arrêté municipal a été pris le mardi 5 mai. Les écoles de Moirans resteront fermées après le 11. Une décision que le maire, Gérard Simonet, a prise "en tant que scientifique", tient-il à préciser. Retraité depuis quelques années, il a été médecin généraliste durant plus de 40 ans.
La raison invoquée : le maire considère ne pas pouvoir apporter les mesures sanitaires nécessaires pour protéger ses concitoyens. Selon lui, il est impossible d'assurer la sécurité des enfants en période de crise sanitaire, notamment les plus jeunes, c'est-à-dire les petits élèves des classes précédant le CM2. "En CM2 les enfants ont 10 ans, ils sont gérables par les professeurs et les directeurs d'école. Avant c'est impossible".
"Je ne pensais pas que le gouvernement prendrait le risque de rouvrir les écoles", explique-t-il. "Encore moins les maternelles et les crèches".
De plus, Gérard Simonet prédit un second pic aux alentours du 15 juin. "L'évolution du virus suit une courbe en forme de M, avec une "deuxième jambe" plus petite que la première. D'après moi, on n'a pas encore atteint cette deuxième jambe". L'édile s'appuie sur ses propres connaissances, ayant suivi ses études de médecine auprès du Pr Max Micoud, infectiologue grenoblois réputé, ancien conseiller municipal et général de l'Isère (UMP).
"Je suis inquiet, tant qu'on n'a pas passé ce cap. Cela nous amènerait à la fin juin. Selon moi, le plus sage est de rouvrir les écoles en septembre" conclut-il.
Une gestion de la crise "en amateur" selon lui
"Au début (de l'épidémie), je me suis dit qu'il fallait laisser faire le Comité scientifique, qu'il fallait que le gouvernement s'appuie sur leurs conseils", explique Gérard Simonet. "Mais depuis, je trouve que la crise sanitaire a été gérée en amateur".
Gérard Simonet s'est toujours défendu d'être un politique. Plutôt à droite et plutôt filloniste, l'édile n'a pas soutenu Emmanuel Macron au moment de la Présidentielle, "mais quand il a été élu, je n'étais pas contre" précise-t-il. Aujourd'hui il ne mâche pas ses mots. "Là je suis très déçu" (...) "C'est trop important la santé" ajoute-t-il.
"Le déclencheur" raconte-t-il, "ça a été le discours d'introduction de Richard Ferrand avant l'intervention d'Edouard Philippe à l'Assemblée il y a quelques jours. Il s'est excusé et a parlé d'"ignorance" et de "tatônnement". J'étais écoeuré. On a pas le droit de parler d'ignorance et de tâtonnement en matière de santé."
"Lorsque j'étais médecin, soit j'étais capable de dresser le diagnostic, soit je demandais des examens complémentaires, soit j'adressais le patient à un spécialiste. C'était ma déontologie".
Le maire de Moirans considère que le Comité scientifique a été de mauvais conseil pour les hommes politiques "qui n'ont pas la science infuse et auraient dû pouvoir s'appuyer sur des scientifiques compétents". Et d'ajouter: "maintenir le premier tour des élections municipales, c'était grave déjà".
Gérard Simonet se dit par ailleurs libre dans ses paroles et ses actes. En effet, il ne se représente pas à sa succession et devrait prendre sa retraite de maire après les prochaines élections municipales.
Un arrêté de fermeture pris jusqu'au 1er juin
L'arrêté municipal a été pris jusqu'au 1er juin, car, jusqu'à cette date au moins, les parents d'élèves sont assurés de pouvoir bénéficier du chômage partiel et des journées garde d'enfant. "La question qui se pose à présent", poursuit Gérard Simonet, "c'est comment vont se comporter les patrons" ?
La ville de Moirans va fournir une attestation aux familles qui "pourront faire valoir leurs droits".
En attendant les deux groupes scolaires et l'unique école privée de Moirans garderont portes closes. Cela représente 600 élèves et 24 classes dans le public, 284 élèves dans le privé.
La décision du maire a fait réagir sur les réseaux sociaux. Près de 1200 personnes ont "liké" le post de la ville annonçant la décision de ne pas rouvrir les écoles sur son compte Facebook.