Coronavirus. "On ne supportera pas le choc", le cri d'alarme d'un dentiste isérois

Alors que les cabinets de dentiste sont fermés depuis 6 semaines, un chirurgien dentiste de l'Isère monte au créneau. Il réclame des aides financières pour soutenir la profession et des protections pour reprendre le travail à partir du 11 mai. 

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"Certains confrères sont au bord de la faillite. Beaucoup mettront des années à se relever de cette situation." Après 6 semaines de fermeture des cabinets, un chirurgien-dentiste dresse un bilan "dramatique" de la crise du coronavirus pour l'ensemble de la profession. Le docteur Jean-Louis de Richaud, qui exerce le métier depuis 30 ans à Saint-Maurice-l'Exil (Isère), lance un cri d'alarme.
 

"On se sent méprisés"

Dès le 17 mars, tous les cabinets de dentistes ont fermé leurs portes à la demande du Conseil national de l'Ordre des chirurgiens-dentistes et de l'Agence Régionale de Santé. Comme ses confrères, Jean-Louis de Richaud a donc fermé son établissement "sans hésiter une seconde" pour "éviter d'aggraver la pandémie de coronavirus". 

Pour continuer à traiter les urgences dentaires, un service de garde a été mis en place par la profession "sans l'aide de personne, ni de la caisse nationale d'assurance maladie, ni du ministère de la Santé", souligne le dentiste isérois.
 
"Tous les dentistes de France sont sur le pont de 9h à 13h. On prend les appels des patients et on envoie une fiche à un régulateur départemental qui oriente le patient vers un dentiste de garde", détaille-t-il. Malgré cette mobilisation quotidienne, la profession se sent oubliée de la crise du coronavirus. "Lorsqu'Olivier Véran s'est exprimé à la télé, il n'a pas dit un mot sur les dentistes", regrette Jean-Louis de Richaud qui relève une "impression de mépris" partagée par l'ensemble de la profession.
  

Risques de faillites

Selon le praticien isérois, la situation financière des dentistes est critique. "Les médecins libéraux ont perdu 30 ou 40% de leur activité, les dentistes c'est 100%". Et ce n'est pas l'activité de garde qui permettra de maintenir la trésorerie à flot. En Isère, le professionnel estime que seuls "6 à 8 cabinets sont équipés" pour assurer les gardes et soigner les patients en cette période de confinement, et la rémunération "ne couvre pas les charges" des cabinets. 

"Alors que la profession doit honorer ses charges, et que les trésoreries des cabinets sont au plus mal", Jean-Louis de Richaud pointe le risque de faillites de certains cabinets et demande des aides financières au gouvernement. Il en appelle aussi aux assurances, qui "refusent de considérer la pandémie comme un motif de déblocage des fonds prévus en cas de perte financière".
 

Manque de masques 

A l'approche du déconfinement le 11 mai, les cabinets pensent désormais à la réouverture. Mais pas question d'envisager de reprendre les soins sans matériel de protection. Or de nombreux dentistes n'ont plus de masques car ils ont donné leur stock aux médecins et infirmiers au début de la période de confinement. 

"Maintenant qu'on nous demande de travailler, on ne retrouve plus ces équipements qui sont réquisitionnés pour les autres professions jusqu'au 31 mai", regrette Jean-Louis de Richaud. "J'ai énormément de difficulté à trouver des masquesIl me faut 3 à 4 masques FFP2 par jour, et j'arrive difficilement à en trouver une vingtaine. Ca veut dire que je peux tenir 5 jours. Et nous avons d'autant plus besoin de ces protections que nous travaillons à 30 centimètres de la bouche des patients !"

Dans une lettre adressée au président du Conseil national de l'ordre des chirurgiens-dentistes, le ministre de la Santé a promis que 150.000 masques seraient distribués avant le 11 mai pour l'ensemble de la profession. "De quoi tenir un jour et demi", estime le praticien isérois. 
 

Et les dentistes ont aussi besoin de charlottes, de surblouses, de surchaussures et de gants. "Quand on doit les acheter c'est à des tarifs exhorbitants. Aujourd'hui, je trouve des kits de protection à 15 euros pour un patient, sans le masque. Et je devrai en utiliser un 2ème pour le patient suivant". 

Dans ces conditions, difficile d'imaginer reprendre son activité. Jean Louis de Richaud ne "voit pas comment les cabinets vont pouvoir rouvrir à partir du 11 mai. Ou alors si on redémarre, on se met en danger et on met en danger nos patients".

 
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