Emmanuel Macron a annoncé la fermeture de tous les établissements scolaires de France pour deux semaines à partir du 16 mars, afin de limiter la propagation de l'épidémie de coronavirus. Les parents doivent désormais s'organiser afin d'assurer la garde et une continuité pédagogique à la maison.
"On s'y prend trop tard. On est complètement pris au dépourvu !" Gilles Noguès, trésorier de la fédération des conseils de parents d'élèves d'Isère, est inquiet.Jeudi 12 mars au soir, Emmanuel Macron a annoncé la fermeture de tous les établissements scolaires du pays - écoles, collèges, lycées, université - afin de tenter d'enrayer la propagation de l'épidémie de coronavirus, qui a déjà contaminé plus de 2700 personnes. A Grenoble, seules quelques crèches resteront ouvertes pour les enfants des personnels soignants.
Une organisation complexe pour les parents
Dans l'académie de Grenoble, plus de 340 000 élèves dans le premier degré et 285 000 collégiens et lycéens devront poursuivre les cours à la maison, via les espaces numériques de travail (ENT) de leurs établissements.Une situation très compliquée à gérer pour les parents, qui jonglent entre leur travail et la garde de leurs enfants. "Les parents sont pris à la gorge. Chacun va s’engager comme il peut en faisant du télétravail ou de la garde partagée. C'est une question de droit du travail et il n’y a pas de dispositif global", regrette le trésorier de la FCPE Isère.
Difficulté supplémentaire pour mettre en place une garde partagée : toutes les familles ne sont pas facilement joignables. "L’éducation nationale peut transmettre aux fédérations de parents les contacts des familles qui le souhaitent, mais cela n’en représente que 60 à 70%, reprend Gilles Noguès. Les écoles auraient pu mettre à disposition un tableau avec les contacts des parents d’élèves, mais ça n’a pas pu être fait."
L'enseignement à distance, vecteur d'inégalité pour les élèves
Pour permettre aux enfants de continuer à étudier, le ministre de l'éducation nationale Jean-Michel Blanquer a notamment évoqué l'utilisation du CNED, le centre national d'enseignement à distance. Une piste intéressante, pour le trésorier de la FCPE iséroise, mais pas forcément proportionnée aux besoins. « Ma classe à la maison » pour que chaque élève conserve le lien avec son professeur et dispose de ressources et d’exercices.
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) March 12, 2020
Une présentation simple et claire du dispositif développé par le @cned : https://t.co/dc9XOryv3R
"Est-ce que le serveur du CNED peut supporter 15 millions de connexions simultanées ? interroge-t-il. Tout comme nos hôpitaux, c'est un service qui doit monter en puissance rapidement. Il faut se poser la question des moyens mis à disposition."
Autre inquiétude liée à la fermeture des écoles : les inégalités potentielles que pourrait créer l'enseignement à distance. "Entre une famille qui a une très bonne connexion internet, qui est bien équipée, et une autre qui vit en milieu rural, où la connexion est mauvaise, les situations seront différentes du tout au tout, craint Gilles Noguès. Même chose concernant les filières professionnelles : la mécanique ne va pas s’enseigner à distance !"
Bac et brevet maintenus malgré la fermeture des établissements
Pour l'heure, les établissements scolaires et universitaires sont fermés durant 14 jours. Mais cette mesure pourrait se prolonger en fonction de l'évolution de l'épidémie de COVID-19."J'aimerais que dans deux semaines l'éducation nationale fasse un bilan de la situation avant de reconduire la fermeture, espère le trésorier de la FCPE de l'Isère. Car avec le maintien des examens du Bac et du brevet, les élèves de 3e, 1ère et Terminale vont se retrouver en difficulté."
Dans le lycée des Eaux Claires de Grenoble, une réunion entre chef d'établissement et professeurs aura lieu lundi 16 mars afin de mettre en place une organisation. Les parents en seront informés le lendemain. Mais tout sera fait au cas par cas. "Il n'y a pas de ligne directrice globale, souligne Gilles Noguès. L'organisation dépendra des professeurs et des chefs d'établissement. Ce sera là aussi une source d'inégalité."