Cette semaine le reconfinement ne devrait pas être décrété. Mais les commerçants se préparent au pire dans un futur proche. Une fermeture totale ou partielle.
Après un premier confinement en mars puis un deuxième en octobre, les commerçants dits "non essentiels" redoutent plus que jamais un troisième arrêt brutal de leur activité. Certains l'affirment déjà, ils ne s'en relèveront pas.
Par ailleurs, les soldes doivent se poursuivre jusqu'au 16 février. Si leur impact est moins fort qu'auparavant du fait des promotions à l'année, elles restent tout de même un moment important pour les commerçants et leur suspension serait un nouveau coup dur.
Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a demandé ce lundi 25 janvier, à l'instar de l'organisation nationale des Chambres de commerce et d'industrie, que tous les commerces puissent rester ouverts en cas de reconfinement.
"On demande de trouver le bon équilibre, qu'on laisse tous les commerces ouverts, qu'on ne retombe pas dans ce débat un peu absurde sur essentiel, pas essentiel, qu'on a eu en novembre", a-t-il déclaré sur RMC.
"Il y a 80% de l'économie qui tourne à peu près correctement, 5% qui marche très bien et profite de la crise, c'est horrible à dire, et 15%, toute l'économie présentielle et ses fournisseurs, qui souffre", a poursuivi Geoffroy Roux de Bézieux. "Les aides ne sont pas toujours suffisantes et moralement c'est très difficile de ne pas avoir d'horizon".
Sera-t-il entendu ? Ce mercredi le Conseil scientifique doit se réunir. Mais on l'a appris ce lundi, il n'y aura pas de décision dans la foulée et Emmanuel Macron ne prendra pas la parole ces prochains jours.
Le président veut tout faire pour éviter un nouveau reconfinement, et attend d’en savoir plus sur les effets du couvre-feu généralisé à 18 heures, normalement visibles à partir de ce samedi 30 janvier.
Des commerçants annéciens résignés
Pour eux, l'attente est longue. Les commerçants indépendants sont suspendus à la décision gouvernementale. "Certains chez nous ont énormément souffert" rapporte Thierry Radice, président des Vitrines d'Annecy. Avec ses 300 membres, elle est l'unique union des commerçants de la ville.
Thierry Radice plaide pour une ouverture totale des petits commerces en cas de reconfinement. "Pourquoi ne pas faire comme la Catalogne ?" demande-t-il, "pendant le second confinement les petits commerces étaient ouverts, et les centres commerciaux fermés. En France c'était l'inverse".
Il s'interroge sur les différences de restriction entre pays voisins. "Nous avons une consommation et une fréquentation très proches de celles de l'Espagne, et pourtant nous ne nous organisons pas du tout de la même façon".
Thierry Radice poursuit : "les commerçants sont résignés, ils ressentent de la déception et de la lassitude. On ne sait pas ce qu'il faut faire, mais toutes ces décisions sont décevantes."
A Annecy l'été et les fêtes de fin d'année ont permis aux commerces annéciens de tenir, mais il manque la clientèle étrangère. Les Suisses, les Russes, les Chinois. C'est le cas surtout pour l'habillement, les chaussures, la parfumerie. Et le luxe en particulier.
Depuis quelques jours les commerçants ne commandent plus, rapporte-t-il encore.
"On ne comprend pas que l'Etat ne nous écoute pas, c'est dramatique. Qu'il ne consulte pas ceux qui connaissent la réalité du terrain. On ne se sent pas considérés".
Et il conclue : "les petits commerçants sont des entrepreneurs, pour eux c'est difficile d'être passifs et d'attendre que les décisions tombent".