Accident de car en Isère : l'histoire tragique de la route Napoléon, une nationale redoutable pour les autocars

À cause d’un malaise du conducteur, un car transportant 46 personnes a brutalement quitté la N85 et plongé dans un ravin à hauteur de Corps, en Isère, ce samedi 4 mars. Ces 70 dernières années, plusieurs accidents de car se sont produits sur cette nationale, dite route Napoléon, provoquant la mort d’une centaine de personnes.

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C’est au détour d’un virage particulièrement serré, à la sortie de Corps, en Isère, que l’autocar transportant 40 enfants a filé tout droit, défonçant la barrière de sécurité pour terminer sa course six mètres en contrebas.

Dans l’accident, qui s’est produit sur la nationale 85, une vingtaine de personnes sont blessées, dont 18 enfants. Mais leur pronostic vital n'est pas engagé. Tous les enfants étaient attachés au moment de la sortie de route.

"Un miracle" pour les secouristes qui sont intervenus sur les lieux. Car sur la route Napoléon, gendarmes et pompiers savent que de nombreux accidents d’autocars ont eu des dénouements bien plus dramatiques.

Une route pentue et sinueuse

Connue pour ses lacets particulièrement sinueux, la nationale 85 relie Grenoble à Gap. Empruntée par l’Empereur à son retour de l’île d’Elbe, elle reçoit le surnom de "route Napoléon" en 1932.

Connue pour sa dangerosité, elle a, à de nombreuses reprises, été le théâtre de catastrophes meurtrières. Sur la portion iséroise, les pentes sont souvent couvertes de verglas en hiver et le moindre écart peut suffire à précipiter le véhicule dans un ravin. C’est ainsi qu’à la suite d’un malaise, le chauffeur du car qui transportait 40 enfants a brutalement quitté la chaussée "A mon idée, il voulait se serrer sur le bord et il a fait un malaise, il s'est couché sur le volant" a expliqué son employeur peu après l’accident.

La redoutable descente de Laffrey

Mais c’est à une trentaine de kilomètres de là, à Vizille, que la route Napoléon a été la plus meurtrière. Depuis 1946, plus de 110 personnes sont mortes dans des accidents d’autocars survenus sur la rampe de Laffrey, une descente de 7 kilomètres qui joint le plateau matheysin à la vallée de la Romanche.

Cette portion, qui descend à flanc de falaise, a une déclivité moyenne de 12 % avec quelques segments à 16 et 18 %. 

La plupart des victimes étaient des touristes en pèlerinage à Notre-Dame-de-la-Salette :

  • En 1946, un car transportant des pèlerins du Beaujolais s’écrase dans un ravin à cause d’une défaillance du système de freinage. 18 touristes meurent dans l’accident. Une stèle commémorative est toujours visible à la bifurcation vers Saint-Pierre-de-Mésage.
  • En 1956, un car néerlandais chute au même endroit, tuant 7 personnes.
  • En 1970, 5 pèlerins non-voyants et originaires du Nord sont tués dans un accident sur la rampe de Laffrey. Le véhicule, qui roulait trop vite, a brutalement heurté plusieurs murs avant de s’immobiliser sur le bas-côté.
  • En 1973, une nouvelle défaillance de freinage précipite un autocar dans la rivière Romanche, 20 mètres en contrebas de la route. À bord, 43 Belges originaires de Mons sont tués. Seuls 6 passagers survivent.

  • En 1975, les mêmes causes produisent les mêmes effets. À bord d’un car, 42 pèlerins du Loiret sont précipités en contrebas de la descente. L’accident provoque la mort de 29 personnes.
  • En 2007, c’est un autocar polonais reconduisant 48 pèlerins qui bascule dans le ravin. Le véhicule s’écrase dans le jardin d’un particulier à Notre-Dame-de-Mésage, avant de s’enflammer. 27 personnes perdent la vie. 

Pourtant, depuis les années 70, la rampe de Laffrey est interdite d’accès aux 7,5 tonnes et aux cars. Mais physiquement, rien n’empêche ces véhicules de l’emprunter et de nombreuses infractions sont constatées. "C'est toujours les mêmes accidents et les mêmes causes, et malgré tout, on n'arrive pas à sécuriser cette descente", avait déploré le maire de Laffrey de l’époque, Jean-Jacques Defaite.

Finalement, le drame du car polonais signe la fin de cette série d’accidents meurtriers. Dès 2008, l’Etat fait installer une barrière pour empêcher l’accès aux véhicules de plus de 2,6 mètres.

 

Des voies de déviation sont aménagées pour faciliter les demi-tours, et une énorme glissière en béton est coulée dans le dernier virage, afin de protéger les habitations en contrebas.

En 2023, des travaux de sécurisation de la descente de Laffrey sont toujours en cours, notamment pour protéger les véhicules de chutes de pierres provenant de la falaise. 

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