Accident de car en Isère : si les enfants n’avaient pas été attachés, "le bilan aurait été beaucoup plus lourd"

Samedi 4 mars, un car transportant 40 enfants a chuté dans un ravin dans le sud de l'Isère, après un malaise du conducteur. Tous attachés, ils s’en sont miraculeusement sorti indemnes ou avec quelques blessures légères. "C’est la preuve que la ceinture peut sauver des vies", estime Patrick Botto, l’accidentologiste qui a milité pendant près de 10 ans pour rendre le port de la ceinture obligatoire dans les autocars.

Indemnes ou avec quelques contusions, les 40 enfants ont pu rejoindre leurs familles en région parisienne dans la soirée du 4 mars. Un dénouement heureux, et presque miraculeux, après le violent accident dont ils avaient été victimes plus tôt dans la journée à Corps, une commune au sud de l'Isère. 

C’est notamment la ceinture de sécurité qui a permis de limiter les blessures corporelles. En effet, depuis 2003, le port de la ceinture est obligatoire dans les autocars en Europe. Cette législation a été rendue possible grâce au travail de l’accidentologiste Patrick Botto, qui a accepté de répondre à nos questions.

France 3 Alpes : tous les secouristes interrogés près du lieu de l’accident reconnaissent que ce bilan "léger" est dû au port de la ceinture de sécurité. "Heureusement, tous les enfants étaient attachés" a même déclaré le procureur de la République de Grenoble. Qu’en pensez-vous ?

Patrick Botto : "en effet, dans ce type d’accident, on aurait eu un bilan beaucoup plus sévère sans la ceinture. L’intérêt du port de la ceinture est constant quel que soit l’âge des personnes et quelle que soit la typologie du choc. Il est probable que la ceinture ait joué un rôle important."

France 3 Alpes : quels sont les risques qu’encourent les passagers non attachés dans ce type d’accident ?

Patrick Botto : "on aurait eu un bilan beaucoup plus lourd. Des enfants auraient pu être éjectés du car, ce qui est très dangereux, et d’autres auraient été blessés dans le véhicule. Dans ce type d’accident, il y a une énergie non négligeable et il faut que chaque occupant soit ceinturé correctement. Cela n’a pas suffi malheureusement pour ceux à l’avant, car il y a de l’intrusion dans l’habitacle. C’est-à-dire que dans le choc, la déformation de la structure a fait que ça a touché les occupants (NDLR : le chauffeur et sa compagne ont été plus gravement blessés, mais leurs jours ne sont pas en danger). On est en droit de penser que la ceinture a permis d’avoir un bilan plus léger. Ça pourrait devenir la preuve scientifique que la ceinture peut sauver des vies."

France 3 Alpes : justement, en tant qu’accidentologiste, vous avez passé une partie de votre carrière à convaincre les gouvernements européens qu’il fallait rendre la ceinture obligatoire dans les autocars. Comment cela s’est-il passé ?

Patrick Botto : "j’ai consacré environ 8 ans de ma vie à convaincre de l’utilité de la ceinture dans les autocars. À l’époque, dans les années 90, je dirigeais un laboratoire d’accidentologie et de biomécanique à Amiens. J’étudiais les accidents de la circulation routière en temps réel. Mes recherches ont duré plus de cinq ans, et ensuite, je suis allé présenter mes résultats aux autorités françaises et européennes. J’ai même fait une présentation à l’ONU, à Genève. Et ça a payé, car une nouvelle législation a rendu la ceinture obligatoire en 2003."

France 3 Alpes : vingt ans après, quel bilan vous tirez de votre travail ?

Patrick Botto : "j’ai permis, à travers toute l’Europe, d’apporter la preuve technique qu’il fallait le port de la ceinture dans les autocars. Je pense que c’était utile. C’est gratifiant de voir qu’on a contribué à sauver quelques vies, notamment des enfants."

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