Nordahl Lelandais est jugé pour le meurtre de Maëlys De Araujo et pour deux agressions sexuelles sur des cousines, à partir de ce lundi 31 janvier devant la cour d'assises de Grenoble. Sa personnalité tumultueuse sera au cœur des échanges. Elle avait déjà été analysée au cours de son procès pour le meurtre d'Arthur Noyer.
Un parcours professionnel en dents de scie, une dépendance à la drogue et des relations tumultueuses. La personnalité énigmatique de Nordahl Lelandais s'apprête à être, une nouvelle fois, disséquée à l'aube de son procès pour le meurtre de Maëlys De Araujo. L'ancien maître-chien de 38 ans avait déjà été dépeint comme "caractériel et impulsif" par des proches, voire "narcissique" ou "borderline" selon un expert psychiatre.
Pour la deuxième fois en moins d'un an, le trentenaire va se retrouver sur le banc des accusés d'une cour d'assises. Cette fois-ci pour le meurtre de la fillette de 8 ans et des agressions sexuelles sur deux petites cousines. Lors de son procès pour le meurtre d’Arthur Noyer devant les assises de la Savoie, des psychologues, des psychiatres et aussi des témoins avaient décrit la personnalité de Nordahl Lelandais.
Une personnalité "clivée"
Au cours de l’instruction, le trentenaire de Domessin a été auditionné par cinq collèges d’experts psychologues ou psychiatres. Aucun ne fait état de troubles psychiatriques, mais plusieurs relèvent des "troubles de la personnalité" chez l’ancien militaire, caractérisés notamment par une tendance au mensonge.
Une première expertise fait état d’une personnalité "clivée de type pervers, avec une partie fonctionnant de façon à peu près adéquate avec la réalité, et une partie fonctionnant en dépit des interdits". Le Dr François Danet, expert psychiatre, était venu expliquer son rapport devant les assises de la Savoie. Il a mis en avant le "risque d'envahissement par un état dépressif et des idées suicidaires" pour l’accusé s’il se livrait sur les faits qui lui sont reprochés.
"Le mensonge, c’est son fonctionnement, estimait pour sa part Hélène Dubost, psychologue clinicienne à l’origine d’une autre expertise. Il est dans la dissimulation. Il y a la face extérieure, le Nordahl Lelandais que l’on voit, et celui qu’il est en intérieur, qui n’est pas tout à fait en adéquation. Il peut manipuler, c’est son fonctionnement. Il joue ou se déjoue, il attend que les enquêteurs apportent les preuves. Il a beaucoup de mal à parler en son nom propre. C’est quelqu’un qui attend. Il y a peut-être une forme de jouissance." Dans ce second rapport, l’experte décrit l’"impulsivité" de l’ancien militaire et note une "errance affective".
"Nono le rigolo"
"Il était dans le cercle le plus intime que j’ai." Pour Nazim, proche ami de l’accusé, l’implication de Nordahl Lelandais dans les meurtres de Maëlys De Araujo et Arthur Noyer a été difficile à accepter. "Je ne sais pas pourquoi il a fait ça mais de tout le groupe de potes qu’on était, je suis le dernier à avoir cru en son innocence. Tous les autres l’ont lâché, et tous les autres m’ont lâché. C’était impossible que ce soit lui", se rappelait-il à la barre du tribunal de Chambéry où il avait été appelé comme témoin le 5 mai 2021.
Le trentenaire, chef d’entreprise dans la région, avait encore du mal à associer son ami aux accusations qui pèsent à son encontre, le "sujet le plus grave qui puisse exister". "C’était Nono le rigolo, on était toujours en train de se marrer, on était toujours en train de faire les cons", se souvenait-il.
Unanimement, les amis de Lelandais décrivent un "bon copain", fêtard et sociable. Un homme "doux et non violent" pour sa mère, "peu loquace" d’après son père. "Mon cerveau n’arrive pas à le voir comme il est réellement. Je n’arrive pas à le voir comme un monstre. Quand je parle de lui, c’est Nordahl. C’est que des bons souvenirs avec lui. Je ne mets pas en doute ce qu’il a fait mais mon cerveau a bloqué", résumait Alexandra, l’une de ses amies, devant la cour d’assises de la Savoie.