Une ex-compagne de Nordahl Lelandais affirme dans la presse lui avoir rendu de nombreuses visites en détention et lui avoir fait passer de la drogue. Des propos largement contestables selon un représentant syndical du centre pénitentiaire où l'ancien militaire est incarcéré.
Paris-Match, Le Dauphiné Libéré, Touche pas à mon poste... A quelques jours de l'ouverture du procès de Nordahl Lelandais pour le meurtre de la petite Maëlys, une de ses ex-compagnes donne nombre de détails dans les médias sur sa relation avec le détenu et son quotidien en prison.
Âgée d’une cinquantaine d’années, elle serait entrée en contact avec l'ancien maître-chien presque au début de son incarcération. Elle demande rapidement un permis de visite, se présentant comme une amie. Une enquête sociale est ainsi ouverte la concernant, comme c’est le cas pour toute demande de parloir.
D’après Alain Chevallier, secrétaire UFAP au centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) où est détenu Nordahl Lelandais, les visites qui lui sont accordées alors n’ont rien d’anormales. Mais le représentant syndical s’interroge sur les 180 parloirs qu’elle dit avoir eus avec l’ancien militaire.
« Un détenu a droit généralement à un parloir par semaine. Si cette dame est venue aussi souvent qu’elle le dit, elle a pris la place d’une autre personne », affirme-t-il. Or, la mère de Nordahl Lelandais, notamment, rend souvent visite à son fils.
Des rencontres en unité de vie familiale
L’ex-compagne dit également avoir vu le détenu à plusieurs reprises en unité de vie familiale (UVF). Il s’agit d’une visite au cours de laquelle détenus et visiteurs se retrouvent seuls, de façon plus intime.
« Pour obtenir une UVF, il faut faire une demande au directeur d’établissement, détaille Alain Chevallier. La demande est examinée par une commission pluridisciplinaire, une CPU, composée d’acteurs judiciaires comme l’insertion et la probation. Un avis est rendu. Ensuite, c’est un juge d’instruction qui donne ou pas son accord ».
C’est la procédure lorsque le détenu est prévenu, c’est-à-dire qu’il doit être jugé, ce qui est encore le cas de Nordahl Lelandais. Pour les condamnés, c’est l’établissement pénitentiaire qui décide.
Au moment de cette demande d’UVF, la quinquagénaire se présente désormais comme la compagne de Nordahl Lelandais. « Tous les détenus ont droit à des UVF », explique encore Alain Chevallier.
Ce qui pose question, c’est la durée de ces rencontres. D'après l’ex-compagne, l’une d’entre elles auraient duré 24 heures. Une UVF peut cependant durer jusqu’à 72 heures. Au cours de ces visites, elle affirme avoir fait passer en toute illégalité à Nordahl Lelandais de la cocaïne, du rhum, des téléphones portables…
Des révélations qui font suite à la découverte de deux téléphones portables appartenant à l’ancien maître-chien. L’un dans sa cellule, le second dans la cellule d’un autre détenu qui le gardait pour lui et le lui passait par la fenêtre.
Ces pratiques seraient courantes en prison. Des objets circulent de cellule à cellule par les fenêtres, certains récupérés avec la méthode dite du yoyo. Quant à la façon dont les objets et stupéfiants entrent dans l’établissement, cela peut se faire par dessus les murs mais également au cours des parloirs.
Depuis la loi pénitentiaire de 2009, les visiteurs ne sont plus fouillés systématiquement au corps avant de rencontrer les détenus. Le personnel a toutefois le droit de fouiller un détenu après un parloir en cas de doute.
D’après le site du ministère de l’Intérieur, le visiteur est contrôlé - pièce d’identité, contrôleur de métaux... -, puis il dépose ses effets personnels dans une consigne. Il peut apporter des objets - linge, nourriture, livre - qui sont listés et contrôlés.
Si le visiteur est suspecté d’avoir commis un délit, il peut être contrôlé par un agent spécialement habilité. Il peut effectuer une palpation voire une fouille avec son accord.
Un détenu comme les autres
Dans les médias, cette ex-compagne rapporte de nombreux dires de Nordahl Lelandais. L’ancien militaire lui décrirait notamment des contacts avec les autres détenus. Pour Alain Chevallier, ces propos sont ahurissants. « Si c’est bien lui qui dit ça, c’est de la mythomanie. Il veut se faire passer pour un personnage central de la prison, ce qu’il n’est pas ».
« Pour le personnel pénitentiaire, c’est un détenu comme les 500 autres. Sauf qu’il est à l’isolement », poursuit-il. À Saint-Quentin-Fallavier, ils sont cinq en tout dans cette unité. Ces détenus n’ont aucun contact avec les autres, à part ceux qui leur servent leurs repas en cellule et qu’on nomme les auxiliaires d’étage.
Alain Chevallier se questionne sur les motivations de cette dame « qui se tire une balle dans le pied ». « En tenant de tels propos, elle se retrouve sous le coup de la loi », conclut-il. Une enquête interne au centre pénitentiaire ne serait pas exclue d’après lui.