Nordahl Lelandais devenu père en prison : "Il n’est ni le premier ni le dernier détenu à avoir un enfant pendant sa détention"

Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour les meurtres de la petite Maëlys De Araujo et du caporal Arthur Noyer, Nordahl Lelandais est devenu le père d'un garçon de deux mois, selon Le Parisien. Il a bénéficié de son droit de visite en Unité de vie familiale, une structure permettant aux couples de se retrouver en prison.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Fonder une famille en prison est rare, mais pas impossible. Condamné en février 2022 à la réclusion criminelle à perpétuité pour les meurtres de Maëlys de Araujo et du caporal Arthur Noyer, Nordahl Lelandais est devenu le père d’un petit garçon, d’après les informations du Parisien. Âgé de deux mois, l’enfant est né de la relation entre le détenu et sa compagne. L’ancien militaire, âgé de 40 ans, est incarcéré à la centrale d’Ensisheim (Haut-Rhin) depuis juin 2022, aux côtés des tueurs en série Guy Georges, Francis Heaulme et Jonathann Daval.

Les proches des victimes écœurés

Sur sa page Facebook, Jennifer, la mère de la petite fille tuée, a exprimé sa douleur et son incompréhension. “C'est écœurant [...] Nous, nos enfants n'ont pas eu le droit de vivre, il a choisi ce monstre pédophile de les assassiner... Il ne mérite rien, il a tous les droits, nos enfants avaient le droit d'exister, d'avoir un avenir.”

“Je sais que son avocat va dire qu'il est privé de liberté, mais pas de ses droits humains. Arthur et Maëlys avaient le droit de vivre. Il en a décidé autrement. Ils ne pourront jamais connaître la joie d'être papa et maman. Parce qu'il leur a pris la vie", a réagi la mère d'Arthur Noyer dans une interview au journal Le Berry.

Depuis son incarcération, Nordahl Lelandais a reçu plusieurs lettres de femmes. En 2022, il avait été surpris au parloir de la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère) en train d’avoir une relation sexuelle avec la mère de son futur enfant, âgée d'une trentaine d'années selon l'AFP. Vendredi 12 janvier 2024, il a de nouveau été condamné à un an de prison pour l'agression sexuelle d'une de ses petites-cousines, âgée de 14 ans au moment des faits, en 2017.

“La peine pénale n’est pas assortie d’une peine d’interdiction au droit de fonder une famille, avance Alexandre Ciaudo, avocat au barreau de Dijon et spécialiste du droit des détenus. Dans le cas de Nordhal Lelandais, cela choque par le motif de l’incarcération. Pourtant, nombre de détenus deviennent pères chaque année. Il n’est ni le premier ni le dernier détenu à avoir un enfant pendant sa détention.”

6h à 72h de visite

En prison, la vie des détenus est réglementée. Ils conservent, entre autres, leur droit de vote, le droit au travail, de visite et aussi le droit de fonder une famille. Dans un cadre bien précis : les Unités de vie familiales (UVF). De petits appartements meublés, situés au sein de l’enceinte pénitentiaire, mais à l’extérieur de l’espace de détention. Depuis la loi pénitentiaire de 2009, les détenus peuvent demander à en bénéficier une fois par trimestre, pour une durée de 6 heures à 72 heures.

“Prévenus et condamnés peuvent bénéficier d’une visite en UVF. Le motif d’incarcération n’est pas censé être pris en compte, explique Marine Quennehen, sociologue spécialiste de la famille et du milieu carcéral. Mais si le détenu est emprisonné pour violences physiques ou sexuelles sur son ou ses enfants, il ne sera pas autorisé à recevoir de leur part des visites."

Selon les dernières données du ministère de la Justice, au 23 juillet 2019, l’administration pénitentiaire recensait 170 UVF au sein de 52 établissements répartis sur tout le territoire. Pour chaque visite en UVF, le détenu doit formuler une demande auprès de l’administration pénitentiaire. Une commission, composée du chef d’établissement, des membres des services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP), de l’officier en charge de l’UVF et des agents qui y travaillent, et d’un psychologue, se réunit pour évaluer la demande du détenu.

"Sur des peines de 10, 15, 20 ans de prison, qui peut être juge de ce choix ?"

“Ce n’est pas parce que l’on vous a accordé une visite en UVF que vous en bénéficierez automatiquement à chaque nouvelle demande”, précise Marine Quennehen. Ces rencontres en UVF peuvent être l’occasion, pour les prévenus et leur compagne d’avoir un rapport sexuel. Elles permettent aussi aux personnes incarcérées de voir leur famille.

“Nordahl Lelandais est un cas extrême. Mais quel que soit le crime commis, faire un enfant en prison est assez mal vu. Les parents sont considérés comme non responsables. Cette paternité n’est pas valorisée. L’institution nie la capacité des détenus à avoir des projets. Devenir père ne constitue pas un moyen légitime de reprendre le contrôle de sa vie, analyse la sociologue. On dit souvent aux détenus qu’ils feraient mieux d’attendre leur sortie de prison. Sur des peines de 10, 15, 20 ans de prison, qui peut être juge de ce choix ?"

Pour l’heure, aucune donnée sur le nombre de détenus devenus pères pendant leur incarcération n’est disponible. Dans la dernière enquête consacrée au sujet par l’Insee, en 2003, 54 % des détenus interrogés avaient un ou plusieurs enfants en vie (élevés ou adoptés).

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité