Insatisfaits des annonces du Premier ministre la veille, certains barrages d'agriculteurs ont décidé de maintenir leurs positions en France, au moins jusqu'à la fin du week-end. Parmi ceux-ci, le blocage du péage de Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, qui donne accès à la plus importante zone logistique de France.
Alors que plusieurs barrages ont été levés ou sont en voie de l'être en Auvergne-Rhône-Alpes, un irréductible persiste. Au péage de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), accès à la plus grande zone logistique de France, les agriculteurs n'ont toujours pas levé le camp après les annonces d'hier, jeudi 1er février, du Premier ministre, Gabriel Attal, et l'appel de plusieurs syndicats agricoles (FNSEA, Jeunes Agriculteurs et Coordination rurale) à stopper les barrages. Un appel suivi notamment autour de Lyon (Rhône).
Le blocage de Saint-Quentin-Fallavier, en place depuis près d'une semaine, répond ainsi présent à l'appel de la Confédération paysanne. "On ne peut pas laisser dire que tous les paysans sont satisfaits des annonces d'hier, car on n'a rien entendu sur les revenus et sur la garantie des prix qui couvre les coûts de production, alors que c'est essentiel pour l'immense majorité des agriculteurs", explique Laurence Marandola, porte-parole du syndicat agricole de gauche.
L'éleveuse de lamas dans l'Ariège espérait également une promesse d'interdiction claire de la viande in vitro en France.
On sait que beaucoup lèvent le camp, mais leur vraie vie ne va pas changer malgré les mesures d'urgence annoncées pour certaines filières.
Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne
Divergences autour des pesticides
Parmi la cinquantaine d'agriculteurs sur place, certains sont venus de loin pour participer à la mobilisation, comme Méryl Martin, maraîchère à Chantonnay (Vendée). "Il a été décidé en groupe de rester, car les annonces d'hier ne répondent pas aux besoins du monde agricole sur le fond, notamment sur la question du revenu agricole, de la transition et de l'installation pour pouvoir multiplier le nombre de fermes", explique la jeune agricultrice, au micro de notre reporter Clémence Delarbre. "Après, sur la question des phytosanitaires, on n'est pas forcément en accord avec les autres syndicats, dans la mesure où on voit les annonces comme un recul" sur le plan écologique.
"On n'a pas obtenu ce pour quoi on est en lutte : un revenu digne de ce nom", a expliqué à l'AFP Isabelle Douillon, une agricultrice du Rhône, en déplorant que "les normes agroécologiques risquent de sauter parce que la FNSEA est arrivée à ses fins" sur l'usage des pesticides.
"Avec cette mesure les agriculteurs n'ont rien gagné mais tout le monde a perdu", s'est indigné Marie Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, venue en marge du congrès des Verts européens qui s'ouvre à Lyon ce vendredi après-midi. L’élue dénonce une "très mauvaise décision" qui "met en danger la santé de nos enfants" et celles des agriculteurs, "les plus exposés aux pesticides".
Il n'y aura pas d'écologie sans agriculteurs et pas d'agriculture sans écologie.
Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes
"Suicide, cancer, Prozac, pesticide, bienvenue en France agricole", "Attal fumier, on va te composter", "retraites de misères paysannes en colère", proclament pancartes et banderoles déployées sur l'autoroute 43. Le barrage devrait être prolongé au moins jusqu’à la fin du week-end.
À partir de lundi, les manifestants devraient être rejoints par des apiculteurs qui ont prévu d'installer leurs ruches devant le péage pour mettre en avant leur profession, victime notamment de l'utilisation massive de pesticides qui perturbent et tuent les abeilles.