A l'occasion de la semaine mondiale de sensibilisation aux troubles du comportement alimentaire, du 27 mai au 2 juin, on vous décrypte cinq stéréotypes qui perdurent à propos de cette pathologie qui concerne plus d'un million de personnes en France.

Il s'agit de la deuxième cause de mortalité prématurée pour les 15-24 ans, après les accidents de la route. Les troubles du comportement alimentaires (TCA) sont variés et concernent plus d'un million de personnes en France, selon la Fédération française Anorexie Boulimie.

Beaucoup d'idées reçues entourent ces troubles, parfois véhiculées des personnes qui en souffrent que par leur entourage. On vous présente cinq de ces stéréotypes. 

"Ça se voit forcément"

Dans l'imaginaire collectif, les troubles du comportement alimentaire (TCA) se résument souvent à l'anorexie et à l'action de se faire vomir. En réalité, il existe différentes formes de TCA : anorexie, boulimie, hyperphagie, orthorexie, bigorexie... et toutes ne sont pas visibles sur l'apparence de la personne qui en souffre.

Avant d'être caractérisés comme troubles alimentaires, ces comportements flirtent souvent avec la zone grise des troubles obsessionnels. Par exemple la bigorexie, caractérisée par le besoin de toujours manger très sainement et de pratiquer une activité sportive intensément, est souvent apparentée à un mode de vie sain. Toute cette invisibilité explique en partie la difficulté et les retards de diagnostic.

Tous ne vont pas se faire vomir, et quand bien même, cela se fera en cachette. Des habits larges permettent aussi de cacher un changement de poids.

Hugo Saoudi, psychiatre spécialisé à la Fondation Santé des Etudiants de France

Le contrôle est une dimension importante de ces troubles : "Nous vivons dans une société où l'on doit contrôler nos émotions, notre apparence, toujours garder une attitude positive. Les personnes qui souffrent de TCA ont peur d'être jugées, honte d'être différentes... Alors elles vont cacher leurs comportements", analyse Maryline Paoli, diététicienne spécialisée dans les TCA et créatrice du centre psycho-alimentaire de Grenoble.

Lorsque la présence de TCA est visible, ces professionnels de santé alertent sur le fait qu'il s'agit sûrement déjà d'un cas extrême. 

"Il suffit de..."

Les phrases liées à un manque de volonté sont souvent rapportées par les patients souffrant de troubles alimentaires. Porte-parole de la Fédération française Anorexie Boulimie, le psychiatre Hugo Saoudi tient à rappeler que ces troubles constituent "des maladies psychiques qui entrainent des conséquences sur le physique". Contrairement à ce que leur nom laisse sugérer, les troubles du comportement alimentaire ne questionnent pas seulement le rapport à l'assiette.

"Prendre du poids c'est exister, c'est affirmer sa personnalité" explique Maryline Paoli, pour qui la dimension psychologique est souvent sous-estimée. Afin de guérir de ces TCA, un suivi psychique et physique global avec des professionnels de santé spécialisés (psychiatre, psychologue, médecin, nutritionniste, coach sportif) est préconisé.

"Seules les jeunes filles sont concernées"

Il est vrai que les TCA concernent principalement les jeunes, et tout particulièrement les femmes. Les derniers chiffres de Santé Public France estime qu'une adolescente sur quatre est atteinte de TCA. Mais les hommes aussi sont touchés : un adolescent sur cinq !

Ces troubles restent tabous et souvent cachés derrière une pratique sportive intensive, très forte injonction sociétale masculine. A cause de cette idée reçue, les hommes souffrent d'un plus long retard de diagnostic et sont moins bien pris en charge.

Même si les troubles du comportement alimentaire démarrent généralement à l'adolescence, ils peuvent survenir à tout âge de la vie et durer de nombreuses années si ils ne sont pas pris en charge par des professionnels. Certains évènements, comme des agressions sexuelles ou des remarques déplacées sur le physique peuvent être déclencheurs de TCA. 

"Ça dure toute la vie"

Les chiffres sont inquiétants : les tentatives de suicide touchent jusqu’à 20% des anorexiques et 35% des boulimiques. Ils sont à relativiser avec le fait que près de la moitié des personnes qui en souffrent ne bénéficient d'aucune prise en charge médicale. 

"Les TCA ne sont pas une fatalité et ne durent pas toute la vie", "on s'en sort en étant accompagné" martèlent les professionnels de santé Maryline Paoli et Hugo Saoudi. Pour eux, il est important de comprendre que les "solutions magiques" n'existent pas, un régime miracle ne résout pas l'obésité et va même l'aggraver. En revanche, pour s'en sortir, l'accompagnement par des professionnels est nécéssaire. 

"Il faut compenser les repas avec du sport"

Le sport et les physiques athlétiques sont valorisés dans notre société, au point de parfois créer des dérives. S'il est sain de "manger et bouger" pour rester en forme, il ne l'est pas d'utiliser le sport pour s'autoriser à manger ou pour compenser un repas plus riche. "Tout est une question de nuance" explique le psychiatre Hugo Saoudi qui tient à rappeler qu'il n'y a pas d'aliment interdit et que le sport doit être perçu comme un loisir et non comme un instrument pour réguler son poids. 

Le porte-parole de la Fédération française Anorexie Boulimie explique aussi que l'activité physique ne se limite pas au sport. Les personnes souffrant de TCA sont souvent hyperactives mais toutes ne pratiquent pas du sport de manière intensive. Le ménage, le jardinage, les déplacements quotidiens à vélo ou en marchant, ou encore la station debout prolongée sont aussi des activités physiques qui dépensent des calories et peuvent être sources d'hyperactivité. 

Informations pratiques :

  • Ligne d'écoute (gratuite) Anorexie Boulimie Ecoute : 09 69 325 900 entre 16 heures et 18 heures tous les lundis, mardis, jeudis et vendredis.
  • Retrouvez dans cet annuaire l'ensemble des structures d'accueil TCA en France.
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