L’équipe de transplantation rénale du Centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes a récemment effectué une nouvelle greffe de rein entre un donneur et un receveur incompatibles. Une technique innovante dans laquelle l'établissement est pionnier.
L'incompatibilité entre un donneur et un receveur d'organe n'est plus un problème. Aujourd'hui, un malade peut donc recevoir un rein de n'importe quel donneur sans risque de rejet.
Cette révolution médicale n'est pas nouvelle. Cette technique de la désensibilisation du receveur, possible à Grenoble depuis plusieurs années, reste encore peu connue. Pourtant elle a fait ses preuves : en 2016, une étude parue dans le New England Journal of Medicine montrait que 76,5% des patients ayant été greffés selon cette technique étaient toujours en vie huit ans après leur greffe de rein.
Cette technique de la désensibilisation, c'est quoi ?
D'abord, posons les bases. Sur toutes les cellules de son organisme, un individu porte sur lui une signature moléculaire, qu'on appelle le système HLA. C'est elle qui permet à nos cellules de se reconnaître entre elles, et à l'inverse, de détecter des cellules étrangères.
Pour qu'une greffe fonctionne, le système HLA entre le donneur et le receveur doit donc être le plus proche possible. Sinon, au moment de la greffe, les cellules étrangères du donneur vont être détectées et les anticorps présents dans l'organisme du receveur vont les éliminer entraînant un rejet de l'organe.
Le problème, c'est que de nombreux patients possèdent énormément d'anticorps. Ils rejettent donc automatiquement les greffons dans les heures qui suivent la greffe.
La technique de la désensibilisation s'adresse principalement à eux. Les médecins ont commencé à developper cette technique, il y a une vingtaine d'années. Le principe est simple, pour forcer le corps à recevoir le greffon, on va d'abord éliminer tous les anticorps de l'organisme du receveur, dont ceux dont le rôle est de supprimer les cellules étrangères.
Comment cela fonctionne ?
La technique de désensibilisation est longue et nécessite une longue préparation. Pour une greffe de rein, on passe donc par un donneur vivant.
Il s'agit de filtrer les anticorps avec du plasma pour les éliminer puis à administrer un traitement empêchant leur réapparition. Le patient se retrouve donc sans défenses immunitaires. Il faut donc, en contrepartie, lui administrer une autre sorte d'anticorps destinés à le protéger des infections.
Une fois le nouvel organe greffé, le patient suit un traitement immunosuppresseur qui empêche le stock d'anticorps de se reconstituer.
Grenoble à la pointe de cette technique
Le centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (Chuga) était l'un des établissements pionniers dans la maîtrise de cette technique. Récemment, elle a permis à Nicole Malcangi d'offrir un de ses reins à son mari Léonard Malcangi. Tous les deux ont le même groupe sanguin mais leur système HLA est très différent. Sans cette technique, Nicole n'aurait jamais pu faire ce cadeau inestimable à son mari et lui permettre ainsi d'échapper à la dialyse qu'il devait subir pendant quatre heures, trois fois par semaine.