Augmentation de 25 % de la taxe foncière à Grenoble : "Nous en avons besoin pour notre projet", se défend Eric Piolle

A Grenoble, le conseil municipal de ce lundi 13 mars, consacré notamment au vote du budget et à la hausse de la taxe foncière, s'annonce tendu. Pour le maire Eric Piolle, l'augmentation de 25 % de la taxe foncière est une nécessité.

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Le conseil municipal de Grenoble de ce lundi 13 mars s'annonce explosif. Le budget de la collectivité, avec la hausse de 25 % de la taxe foncière, doit être soumis au vote des élus.

Voulue par la majorité pour contrer l'inflation et participer aux investissements municipaux, cette augmentation est largement contestée par l'opposition. Selon elle, cette hausse de 25 % est démesurée. Invité du JT de France 3 Alpes, le maire Eric Piolle s'est exprimé sur la mesure.

France 3 Alpes : "Une hausse de 25 % de taxe foncière représente une recette supplémentaire de 44 millions d'euros. Comment seront-ils utilisés ?

Eric Piolle : Effectivement, nous demandons une contribution supplémentaire aux propriétaires. Donc, nous nous rendons bien compte que ce n'est pas neutre. Mais nous en avons besoin pour notre projet, pour notre vie quotidienne, pour protéger du mieux possible tous ceux qui en ont besoin. Ces 44 millions d'euros, ce sont 22 millions qui vont couvrir l'inflation, la hausse du point d'indice pour les fonctionnaires qui est évidemment nécessaire et la hausse de l'énergie.

Onze millions seront destinés à notre plan d'investissement : comment végétaliser les écoles, comment piétonniser les places aux enfants, comment aménager et réduire les consommations d'énergie.

Eric Piolle, maire de Grenoble

Onze millions seront destinés à notre plan d'investissement : comment végétaliser les écoles, comment piétonniser les places aux enfants, comment aménager et réduire les consommations d'énergie dans les bâtiments. Puis encore 11 millions seront consacrés à un bouclier social et climatique : baisser le tarif dans les cantines ou améliorer nos politiques de santé.

Pour vous, cette contribution supplémentaire n'est pas uniquement un moyen de se refaire une santé financière ?

Non, elle nous permet d'aller plus vite, d'encrer cette lutte contre le changement climatique dans notre vie quotidienne. Nous l'avons vu avec la canicule de l'été dernier ou la guerre en Ukraine : nous avons besoin de réduire notre dépendance à tous ces risques et de vivre avec plus de sens.

Grenoble perd des habitants, a peu de propriétaires. Est-ce que vous ne risquez pas d'en perdre à nouveau ?

Non, nous ne perdons pas d'habitants. Nous sommes aux environs de 160 000 habitants depuis longtemps. Il y a à peu près 38 % de propriétaires. Je pense, qu'aujourd'hui, les gens sont prêts à se dire que cette contribution, c'est une solidarité.

Ce que nous voulions, nous, c'est un gouvernement qui taxe les superprofits, les patrimoines indécents, ça n'est pas ce qui est fait.

Eric Piolle, maire de Grenoble.

Il y a des écarts de revenus forts. Il y a quand même des disparités de revenus. Les propriétaires sont plus riches, ont plus de patrimoine. Évidemment, cela ne veut pas dire qu'ils sont fortunés. Ce que nous voulions, nous, c'est un gouvernement qui taxe les superprofits, les patrimoines indécents, ça n'est pas ce qui est fait. Alors, nous avons besoin de cette contribution pour les services publics et pour protéger ceux qui en ont besoin. 

Autre sujet débattu lors de ce conseil municipal : la vente de Grenoble Habitat. Le bailleur social doit être vendu à la Caisse des dépôts et consignations (ACDC) pour 37 millions d'euros. Quel est l'avenir pour les salariés de Grenoble Habitat, qui ont manifesté lors d'un conseil municipal et qui s'opposent à cette vente ?

Ils sont rassurés, parce qu'ils souhaitaient garder la diversité de leur métier, garder l'identité de l'entreprise. C'est ce que la Caisse des dépôts et consignations propose : on garde Grenoble Habitat, on garde les salariés et on amplifie, puisque 15 millions seront injectés dans l'entreprise pour produire plus de logements sociaux et réhabiliter pour 10 millions.

Ça va améliorer la situation des locataires et c'est de l'argent qui est injecté sur le territoire. La CDC est un acteur financier public, entièrement contrôlé par le parlement. Pour nous, c'est une bonne solution. On aurait préféré que ce soit racheté par la Métropole, parce que ça nous semblait cohérent avec la compétence en matière de construction de logements. Ils n'ont pas voulu, nous avons trouvé un autre acteur public.

Dernière question, la mairie est restée fermée mardi dernier. C'était une volonté, pour vous, d'afficher votre opposition à cette réforme ?

Oui, effectivement. Nous sommes restés ouverts pour ceux qui avaient des rendez-vous. Mais clairement, ça (la réforme des retraites, ndlr) vient frapper les métiers de la fonction publique, nos ATSEM (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, ndlr)... Nos personnels, qui sont au contact des enfants dans les écoles maternelles, ont de plus en plus de mal à terminer leur carrière, les taux d'accident du travail sont élevés. Ce sont des métiers qui sont objectivement pénibles. Ils vont devoir travailler deux ans de plus.

C'est une réforme qui est rejetée par l'ensemble des actifs et une immense partie de la population.

Eric Piolle, maire de Grenoble.

Même en tant qu'employeur, nous allons avoir 1 %, c'est-à-dire 600 000 euros de plus, de cotisations. Tout cela ne va pas, et on voit bien que c'est inégalitaire pour les femmes ou tous ceux qui sont en situation de précarité. C'est une réforme qui est rejetée par l'ensemble des actifs et une immense partie de la population."

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