Autisme. "Des différences liées au sexe" : en Isère, une chercheuse étudie pourquoi les femmes sont moins diagnostiquées que les hommes

À l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, Adeline Lacroix publie un livre intitulé "L’autisme au féminin". Au cours de sa thèse, la chercheuse haut-savoyarde s’est rendue compte que les femmes atteintes de ce trouble étaient moins bien diagnostiquées et moins bien étudiées par le corps médical.

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Ce jour-là, Adeline Lacroix mène une expérience particulière dans son laboratoire. Face à elle, un sujet observe une série d’images pendant quinze minutes. En fonction des photos qui s’affichent, il doit les associer à des émotions.

"Ici, il voit une petite fille jouer dans le sable, sans contexte. Il doit indiquer si l’image est plutôt positive ou négative. Dans ce cas, c’est plutôt positif", explique cette postdoctorante en neurosciences au laboratoire de psychologie et neuro-cognition.

Puis l’image s’agrandit, et derrière la petite fille apparaissent plusieurs militaires armés. "Dans certains cas, l’image avec le contexte implique une évaluation différente. Là, avec les militaires derrière, l’image va être vue comme quelque chose de négatif".

Une forme d'autisme différente entre les hommes et les femmes

Cette expérience permet de reconnaître certains troubles autistiques, car les personnes qui en sont atteintes ont des difficultés à reconnaître les émotions. Le test met aussi en évidence des résultats différents entre les femmes et les hommes. "On a retrouvé des différences liées au sexe, et ça pourrait contribuer à expliquer que les femmes autistes sont moins repérées, car elles peuvent avoir des compétences socio-communicationnelles qui sont un peu meilleures" détaille la chercheuse. 

Adeline Lacroix a elle-même été diagnostiquée autiste Asperger à l’âge de 30 ans : "Je pense que ça m’a permis d’avoir un peu plus de tolérance envers moi-même. Je n’avais pas une bonne estime de moi. Sur plusieurs points, je ne faisais pas comme tout le monde et ça pouvait me donner l’impression de n’être pas assez bien".

Moins diagnostiquées, moins étudiées

Une fois le diagnostic posé, la Haut-Savoyarde a décidé de quitter son poste de professeure des écoles. Elle a repris des études et consacre aujourd’hui ses recherches à l’autisme, avec un intérêt particulier pour les femmes. "On a moins recherché sur les femmes autistes, car elles étaient moins repérées. Donc ça a créé un biais, car toutes nos recherches sont basées sur les hommes. C’était important pour moi d’inclure autant de femmes que d’hommes autistes dans ma thèse, pour pouvoir étudier s’il existe des différences".

En 2022, Adeline Lacroix a été récompensée pour ses recherches en recevant le Prix Jeunes Talents France L’Oréal Unesco. En parallèle, elle a aussi écrit une compilation de travaux scientifiques et de témoignages. Son livre intitulé "L’autisme au féminin" paraîtra le 6 avril aux éditions UGA. 

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