Les ventes de noix de Grenoble sont en baisse, malgré une production record. La concurrence étrangère et le poids de l'inflation pour les consommateurs plombent les producteurs locaux, qui envisagent de faire évoluer l'AOP.
La saison de la noix est terminée. Julien Borel, troisième repreneur d'une exploitation familiale à Vinay (Isère), prépare déjà son broyeur pour la saison à venir. "Il va falloir qu’on essaye de gagner de l’argent de tous les côtés. Tout ce qu’on peut faire nous-même, on le fait. C’est comme ça qu’on diminuera nos coûts de production", explique le producteur de l'AOP Noix de Grenoble.
Car le bilan des ventes est morose. Malgré une année record en termes de production, les consommateurs ne sont pas au rendez-vous à cause notamment de l'inflation. Julien Borel, lui, a vu sa production augmenter de 20 %. Pourtant, ses revenus sont en baisse par rapport à l'année passée.
"On a perdu entre 40 et 50 % du prix par rapport à 2022 avec des coûts de production qui ne font qu'augmenter, témoigne-t-il. On a eu entre 30 et 40 % d'augmentation du coût de production et on ne peut pas le répercuter sur le prix de vente. Ça va fragiliser nos exploitations."
Réunion de crise
La production de noix de Grenoble est supérieure à la demande. Près de 80 % est destinée à l'export mais en France, la concurrence étrangère fait de l'ombre à la production locale. Les pays d’Amérique du Sud n’ont pas les mêmes contraintes : le cerneau, c'est-à-dire l'intérieur du fruit, peut être vendu seul, sans la coque. Donc à plus bas prix.
"J’encourage les industriels, la grande distribution, à acheter un cerneau de noix français plutôt qu’un cerneau d’import. C’est une des portes de sortie qu’on peut avoir en plus", souligne le président du comité interprofessionnel de la noix de Grenoble, Arnaud Rivière.
La chambre d'agriculture vient d'organiser une réunion de crise avec les producteurs de noix de Grenoble. Le comité interprofessionnel envisage de faire évoluer la réglementation autour de l'appellation d'origine protégée qui concerne, pour l'instant, uniquement les fruits en coque. Les producteurs espèrent labelliser le cerneau AOP d’ici 5 à 10 ans.