Le Métrocâble est un projet de transport par télécabine qui reliera Fontaine à Saint-Martin-le-Vinoux en 2023. Un câble sur le modèle de celui de Medellin en Colombie. A l'issue de l'enquête publique, les travaux pourraient débuter courant 2021. 

Aller au bureau dans une télécabine s'élevant au-dessus des airs, de la Poya à Saint-Martin-le-Vinoux, par-dessus les nuages et les montagnes. C'est la promesse du Métrocâble. 

Pas seulement un "gadget" touristique, mais un service public réel qui transporterait 5.000 personnes chaque jour. Le projet a de quoi séduire.

Inscrit dans le PDU 2018-2030, le Plan de Déplacements Urbains de l'agglo, le Métrocâble est budgétisé, près de 56 millions d'euros, et prévu pour 2023. 

Le PDU a fait l'objet d'une enquête publique. A présent, le SMTC, le Syndicat Mixte des Transports - qui gère les transports dans l'agglomération de Grenoble - doit se réunir pour délibérer et adopter le texte. 

Son président, Yann Mongaburu, ne doute pas de l'issue du comité syndical prévu pour le 18 avril. Le Métrocâble se fera, et rapidement. 

"Il est un maillon essentiel de notre programme", explique-t-il.

En 2023 la carte des transports grenoblois changera de visage, avec notamment la mise en service de huit lignes de tram au total. 
 

Un projet séduisant sur le papier 


Si le projet de Métrocâble a été décidé, c'est essentiellement pour désengorger l'arc Nord-Ouest de l'agglomération et pour complèter l'offre de transports en commun existant dans le secteur. 

L’installation comptera 4 stations qui relieront Fontaine/La Poya à Saint-Martin-le-Vinoux/Hôtel de Ville. 
 

Si les travaux ne sont pas prévus avant 2021 on sait d’ores et déjà que la trajectoire du futur Métrocâble sur 3,7 km nécessitera l’implantation de 35 pylônes de hauteur variable. Ils oscilleront entre 8 et 40 m selon les stations.

Entre les deux stations d’extrémité, le Métrocâble survolera 2 cours d’eau, 2 autoroutes et 1 voie ferrée. Un tiers du parcours est habité, c'est pourquoi un trajet en ligne droite n’a pas été privilégié.

Des arrêts intermédiaires sont prévus. Certains comme Sassenage/La Saulée ou Grenoble/Presqu’île ouest seront d’ordre technique, c'est-à-dire non ouverts au public, en tous cas pas dans un premier temps.

Les stations ouvertes au public seront les suivantes :
  • Fontaine/La Poya
  • Sassenage/Argentière
  • Grenoble/Presqu’île Résistance
  • Saint-Martin-le-Vinoux/Hôtel de Ville

La durée moyenne du transport a été estimée à 16 minutes d’une extrémité à l’autre (soit une vitesse de 14km/h).

Ce mode de déplacement qualifié de « vertueux » par le Grenelle de l’environnement serait le plus rapide comparé au même trajet à vélo (23 min), en voiture (18 à 21 min) ou en bus/tram (30min).

Selon les études, ce tramway aérien viendra compléter l’offre de transports en commun déjà existante. Il sera connecté aux  lignes de tramway A, B, E et à certaines lignes de cars Transisère. Deux parkings relais sont prévus au pied des stations La Poya et l'Argentière. 
 

Une enquête publique défavorable


La commission d'enquête publique, qui a rendu ses conclusions en décembre 2018, n'est pas très favorable au projet de Métrocâble. Dans sa recommandation n°5, elle demande "que la problématique d’extension du réseau de tramways soit réétudiée".

En clair, la continuation de la ligne de tram E serait plus judicieuse que la création d'un transport par câble dans ce secteur. 

La commission n'est pas convaincue de la nécessité du projet au regard du fort investissement, du faible nombre d’usagers transportés, et du caractère non prioritaire du projet (vous pouvez lire les recommandations concernant le Métrocâble dans l'enquête publique page 11). 
 
D'après Yann Mongaburu, les deux projets ne sont pas contradictoires. Le tram est bien prévu, mais le Métrocâble sera mis en service bien avant.

Il faut dire que la continuation de la ligne de tram E est pour l'instant "empêchée" par une réglementation nationale qui limite l'extension des moyens de transports dans ce secteur.

"Les travaux du tram, on l'espère, pourraient démarrer en 2023, le temps de lever cette réglementation et d'acquérrir le foncier" explique-t-il. 

En attendant, le Métrocâble doit se faire. Mais reste à peaufiner le projet, notamment à définir un modèle technologique.

Le SMTC est en contact avec les villes et les collectivités qui créent du câble chez eux, Brest, Ile-de-France, la Réunion... Avec une nette préférence pour le modèle réunionnais. 

Le 19 novembre 2016 le téléphérique de Brest a été inauguré, non sans difficultés... Une journée marquée par des manifestations et des problèmes techniques qui nous sont racontés dans un facebook live de nos confrères de France 3 Bretagne. 
 
Grenoble regarde aussi ce qui se passe dans le monde.
 

"Notre câble sera proche du modèle de celui de Medellin" précise Yann Mongaburu. 


La semaine prochaine, plusieurs associations et élus grenoblois se rendront également à Bâle pour voir comment fonctionne le transport par câble en Suisse. 

  

Un problème de maintenance 


D’après Vincent Comparat, de l’ADES, l’Association pour la Démocratie, l’Ecologie et la Solidarité, le Métrocâble est certes séduisant, mais ses contraintes sont trop importantes pour en faire un transport en commun d’avenir à Grenoble.

Ce mouvement politique ultra local, écologiste et de gauche, travaille sur les alternatives efficaces à la voiture.

 Nous ne sommes pas contre le câble 


précise-t-il, « c’est la lourdeur de la maintenance qui nous inquiète et ne nous semble pas compatible avec un service public permanent ».


Rien que l’entretien des Bulles grenobloises nécessite une pause d’un mois, et cela durant l’hiver. Ce téléphérique est essentiellement emprunté par des promeneurs et des touristes qui accèdent ainsi à l’un des plus beaux points de vue de la région. 
 
Le Métrocâble serait lui destiné à une utilisation quotidienne concentrée sur la semaine. « Comment assurer la maintenance dans ce cas ? » interroge Vincent Comparat, « il faudrait que ce soit la nuit ou le week-end ».

L’idée est d’alimenter le Polygone qui est un quartier d’emplois très important. Et avec le nombre de voyageurs prévus dans les 5.000 par jour, c’est tout à fait jouable.

« Mais cela reste un moyen de transport fragile pour un tel nombre de voyageurs » insiste-t-il.

Ce proche du maire écologiste de Grenoble pointe également le nombre de stations prévu dans le projet. « Il y a trop de stations, c’est cher et cela demande une maintenance plus importante. »

Pourquoi ne pas imaginer un tracé avec seulement deux stations, dont celle du Polygone, se demande-t-il. 
 

« Un câble avec personne dedans »


Préfèrer le tram E au Métrocâble, c’est aussi l’avis de l’ADTC, l’Association pour le Développement des Transports en Commun. Le collectif  compte un millier d’adhérents, et milite pour la modération de la circulation automobile.

D’après lui, le budget du Métrocâble se chiffrerait plutôt à 67 millions d’euros. « Nous avons rencontré la commission d’enquête, et nous sommes heureux qu’elle se soit rangée à notre position » confie son vice-président François Lemaire.

« D’après le dossier de concertation, le Métrocâble ce serait 500 voyageurs par heure, et la ligne de tram E ce serait 2.500 voyageurs par heure » explique-t-il.

Durant des semaines, les habitants ont pu s'exprimer sur le sujet. Leurs remarques ont été compulsées dans le cahier de concertation lisible sur le site internet de la Métro. 

 

« Nous on ne comprend pas. Quel est l’intérêt du Métrocâble, à part l’image ? A part dire "on fait du câble à Grenoble" » ? s'interroge François Lemaire.

« Pourquoi gaspiller de l’argent alors qu’il y a des choses bien plus utiles à faire en terme de report modal ? »

Défenseurs du tramway depuis 1974, les membres de l’ADTC soulignent que le remplacement d’une ligne de bus par une ligne de tram double systématiquement le trafic. Rien de comparable avec le câble qui selon eux, ne saurait être un transport en commun d’avenir.   
 

Le câble, une image "écolo"


D'après le maire Eric Piolle, la construction d’un tel outil ne peut avoir que des retours positifs. "Il n’y a qu’à observer l’essor de ce mode de transport à l’international notamment en Amérique du Sud." précise-t-il, toujours en référence au câble de Médellin. 

A Grenoble tout semble favorable à la réalisation d’un tel projet, conclue-t-il. 

D'après ses opposants, le câble serait surtout un argument environnemental qui colle bien à l'image de Grenoble. Difficile de dire s'il est toutefois plus écologique que le tramway. 
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