La moitié des usagers de la route décédés accidentellement en 2022 dans la métropole de Grenoble se déplaçaient à vélos et à trottinettes électriques. Faut-il réglementer, sanctionner ou aménager les routes ?
En 2022, dans l’Hexagone, on comptait près d’un million de trottinettes vendues. Des ventes qui ont explosé depuis trois ans et le début de la crise sanitaire. Résultat : les accidents se multiplient et les décès aussi. Dans la métropole de Grenoble pour l’année 2022, sur les 8 accidents mortels qui se sont produits sur la route, la moitié concernait des vélos et des trottinettes électriques.
Le dernier accident grave a eu lieu fin décembre, deux jeunes hommes non casqués sur une trottinette électrique qui ont dépassé une voiture qui s’apprêtait à tourner. Le conducteur de la trottinette, dans un état grave, a été transporté à l’hôpital.
Aménager les routes
Bien sûr, il y a ceux qui conduisent sans casque, qui s’installent à deux sur une trottinette ou encore qui grillent les feux rouges. Mais pour les associations de promotion des modes doux de déplacement, la solution se trouve dans le développement des aménagements : "Que ce soit pour le déplacement à vélo ou à trottinette, plus il y a d’aménagements sécurisés moins il y a d’accidents. Ça n’empêche pas que certains à vélo ou en voiture ne respectent pas le code de la route. Parfois, on a des conséquences graves. On le voit au Pays-Bas où il y a beaucoup moins d’accidents par kilomètre parcouru à vélo qu’en France. Si on fait des aménagements séparés et de qualité on a tout de suite moins d’accidents," confie Emmanuel Colin de Verdière, le président de l'association ADTC - Se déplacer autrement.
Des jeunes défigurés
L'hôpital sud de Grenoble est spécialisé dans les traumatismes des membres. Ses statistiques montrent que le nombre d'accidents à bicyclette stagne. En revanche, celui des trottinettes électriques est en augmentation exponentielle. L'année dernière, environ 300 patients ont été admis pour des chutes à trottinette : "C’est quelque chose de dramatique. Pour ces accidents, on a principalement des traumatismes crâniens et des traumatismes de la face, avec des fracas de la face importants. On a des pertes au niveau de la dentition qui défigurent les jeunes. Au niveau des membres, ce sont les entorses de genoux, des fractures de la cheville et les fractures du poignet qui dominent dans ce domaine-là," explique Jean-Jacques Banihachemi, le responsable des urgences sud au CHU de Grenoble.
Sachant qu’en France, en 2021, 22 décès liés à ce mode de déplacement sont à déplorer, dans le corps médical, on prône le port du casque pour les conducteurs de trottinette : "Au niveau du crâne, c’est essentiel, le port de casque devrait être obligatoire et recommandé. Et pareil pour l’alcoolisation ça devrait être réglementé", ajoute le responsable des urgences.
Trottinettes, quelles sont les règles ?
La trottinette électrique est considérée comme un EDP (engin de déplacement personnel) motorisé, et donc il y a des règles pour l’utilisateur :
• être âgé d'au moins 12 ans
• ne pas transporter un autre passager
• ne pas circuler sur le trottoir (sauf si votre mairie l'autorise)
• ne pas dépasser la vitesse maximale autorisée de 25 km/h
En agglomération :
• Vous devez circuler sur les pistes et bandes cyclables ou, s'il n'y en a pas, sur la route.
• De nuit ou lorsque que la visibilité n'est pas suffisante, vous devez porter un vêtement ou un équipement rétro réfléchissant.
Si vous ne respectez pas les règles de circulation ou si vous transportez un passager, vous risquez 35 euros d’amende. Si vous circulez sur un trottoir sans y être autorisé ou si vous débridez l’engin, c’est 135 euros d’amende. Si vous roulez avec un engin dont la vitesse maximale par construction est supérieure à 25 km/h : 1 500 euros d’amende.