"C'est un cri du cœur" : démuni face aux violences et aux menaces, le personnel d'un collège exerce son droit de retrait à Grenoble

Accompagnée par une quinzaine d'enseignants, toute l'équipe vie scolaire du collège Olympique de Grenoble exerce son droit de retrait depuis ce lundi. Violences, menaces, manque de moyens : les personnels dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail et estiment que leur sécurité ainsi que celles des élèves n’est plus garantie.

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"On fait face à une violence qui est devenue collective". Imane Abed, assistante d’éducation au collège Olympique de Grenoble, ne cache pas son désarroi.

Depuis la rentrée, elle et ses collègues font face à de multiples bousculades au sein de l’établissement, jusqu’au point de rupture survenu le jeudi 3 octobre. "Il y avait encore un mouvement de foule dans les escaliers, alors je suis montée pour demander aux élèves qui bloquaient le passage d’arrêter. Tout le monde s’entassait et on est tombés en arrière les uns sur les autres très violemment", raconte Imane, blessée à la cheville dans la bousculade et désormais en arrêt de travail avec 10 jours d’ITT.

Le lendemain, c’est la CPE qui a été blessée lors de nouveaux mouvements de foule coordonnés par des dizaines d’élèves.

Démunis et inquiets pour la sécurité du collectif, une quarantaine de membres du personnel ont décidé d’exercer leur droit de retrait à partir du lundi 7 octobre. "Plusieurs événements survenus en ce début d’année scolaire, notamment des menaces violentes à l’égard des enseignants, deux personnels blessés (entraînant 10 jours d’ITT) ainsi que des élèves, témoignent d’une dégradation des conditions de travail, affectant aussi bien la sécurité physique et morale du personnel du collège que celle des élèves", écrivent-ils dans un communiqué adressé à la presse. 

Une violence "involontaire"

Les violences ont débuté en fin d’année dernière, avant de s’intensifier depuis la rentrée 2024. "En plus des bousculades, il y a eu des messages menaçants à l’encontre des professeurs et des attitudes inacceptables. On sait qu’il y a des difficultés sociales autour de tout ça, qu’il y a un climat de violence dans les quartiers sud de Grenoble ces derniers mois qui a un impact sur ces adolescents. Ça fait partie de notre alerte, analyse Maxime Gonzalez, enseignant dans ce collège classé REP. Au bout d’un mois, malgré une équipe très motivée, les personnels sont à bout et ne se sentent plus d’assurer la sécurité dans l’établissement. C’est très compliqué d’avoir le calme dans les salles de classe. On ne peut pas accepter que des collégiens soient dans ces conditions".

Les personnels interviewés sont tous d’accord sur un point : il n’y a pas de "violence volontaire" ni de volonté de blesser de la part des élèves, mais surtout l’intention de "créer du bazar". Derrière ces débordements point surtout la question du manque de moyens et d’encadrement des élèves. "Si on n’arrive pas à gérer la sécurité physique des adultes, comment assurer celle des enfants ?", s’interroge François-Régis Lamarre, assistant d’éducation. 

Au total, l'équipe vie scolaire compte huit personnes, dont trois en arrêt de travail, pour gérer près de 500 élèves. 

Des nouveaux moyens et des locaux plus "dignes"

Dans leur communiqué, les personnels qui exercent leur droit de retrait demandent "à court terme" la création de nouveaux postes d’assistants d’éducation, ainsi qu’un poste d’assistant de prévention. "Car pour l’instant, dans ce contexte-là, on n’est pas assez pour assurer la sécurité de tout le monde", regrette la CPE Lucille Djouder.

"On veut montrer au rectorat qu’il nous faut du personnel supplémentaire pour comprendre ce qu’il se passe dans ce collège, détaille Imane Abed. On doit changer notre façon de fonctionner pour avoir plus de moments individuels avec les élèves et être plus réactifs quand quelque chose se passe, comme une bagarre. Cette action, pour nous, c’est un cri du cœur".

À long terme, les personnels réclament "des locaux dignes et adaptés, répondant à la hausse des effectifs du collège". "Le bâtiment est assez vétuste, le cadre ne donne pas envie de travailler. Pour les élèves, ce n’est pas un refuge, poursuit l’assistante d’éducation. On veut donner les outils à ces élèves pour que la violence ne devienne pas une fatalité".

De son côté, le directeur des services de l'Education nationale assure que les équipes seront reçues cette semaine. Mais il ajoute que le collège Olympique est le mieux doté en personnel éducatif de tout le département de l'Isère.

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