"C'est une forme de provocation" : l'organisation du salon Tech&Fest fait des remous au Dauphiné Libéré, en pleine tourmente économique

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La première édition du salon Tech&Fest, organisé par le journal Dauphiné Libéré, se déroule jusqu'à vendredi à Grenoble. Un événement vu d'un mauvais œil par les syndicats alors que le quotidien est sous le coup d'un plan d'économie. Son directeur parle d'un "investissement financier sur l'avenir".

"Aussi sérieux que la tech, aussi fun qu'un festival" : le Dauphiné Libéré a lancé la première édition de Tech&Fest, qui se déroule ces jeudi 1er et vendredi 2 février. Un événement imaginé pour "célébrer l'innovation et la technologie dans les territoires" avec des conférences, ateliers thématiques et soirées musicales à Grenoble, la "Sillicon Valley française", vantent les organisateurs dans un communiqué d'annonce.

Si le quotidien régional consacre une double page, jeudi, au festival de la tech, l'ambiance n'est pas à la fête du côté des organisations syndicales. "C'est une extravagance de notre directeur qui veut faire du parisianisme en province", dénonce Mona Blanchet, déléguée syndicale FO et journaliste au Dauphiné Libéré.

"Problème éditorial" et "provocation"

L'intersyndicale s'est fendue d'un communiqué pour dénoncer les moyens alloués au salon alors que le quotidien se trouve en pleine tourmente économique. "Équipe recrutée spécifiquement à des salaires jamais vus au Dauphiné Libéré, plusieurs salariés détachés de leur service pour cet événement, utilisation des pages du Dauphiné Libéré à des fins de communication… On sait déjà que ce salon sera présenté comme une réussite", constatent les syndicats CGT, FO, CFDT et SNJ (Syndicat national des journalistes).

Le Dauphiné Libéré a présenté fin novembre un plan "d'économie, de développement et de réorganisation" de 4,2 millions d'euros, comprenant notamment un plan de départ volontaire concernant 20 salariés et un recalibrage de Vaucluse Matin. Le déficit est lié à la hausse des prix du papier et de l'énergie, mais aussi à la baisse des ventes et à la crise du portage.

L'organisation de Tech&Fest apparaît comme "une forme de provocation dans la situation actuelle, alors que le journal fait l'objet d'un plan social", ajoute Mona Blanchet qui y voit aussi "un problème éditorial". "On en fait des pages et des pages dans nos éditions pour un lectorat qui est bien loin de ces préoccupations élitistes. C'est complètement décalé", regrette la déléguée syndicale.

"C'est une vision ultra-réductrice de nos lecteurs", répond le directeur général du quotidien, Christophe Victor. "Si le Dauphiné Libéré doit couvrir uniquement les faits divers et l'ultra-local, c'est bien. Cela fait partie de notre ADN, mais je pense que ce n'est pas suffisant. Il faut aussi que l'on se tourne vers des secteurs porteurs d'avenir. L'événementiel et la technologie le sont assurément", estime le patron du quotidien qui parle d'une "polémique malvenue".

Budget à l'équilibre

Le budget de Tech&Fest s'élève à 1,6 million d'euros pour cette première édition avec un chiffre d'affaires similaire, "donc l'opération est équilibrée" selon Christophe Victor. D'autant que l'événement "a vocation à se renouveler dans le temps" avec l'objectif de réaliser des profits sur les prochaines éditions.

"C'est un investissement financier sur l'avenir et c'est parallèlement une opération d'image", résume l'ancien directeur général délégué du groupe Les Echos, soulignant l'"immense succès" de cette première édition.

Le salon grenoblois de la technologie réunit 10 000 visiteurs professionnels, 500 start-ups et 100 conférenciers. Parmi eux : le youtubeur HugoDécrypte, Bruno Bonnell, chargé du plan d'investissement France 2030, ou encore le directeur des organisations d'ingénierie des matériaux chez SpaceX et Tesla, Charles Kuehmann.

Tech&Fest se poursuit ce vendredi à Alpexpo avec des conférences autour de l'entrepreneuriat, l'intelligence artificielle, la cybersécurité ainsi qu'un job dating pour le grand public.

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