La trentaine femmes de ménage de l’entreprise Elior-Derichebourg, qui étaient en grève depuis six semaines ont repris le travail ce vendredi 5 avril. Elles ont finalement obtenu l’annulation des mutations initialement imposées par leur employeur, mais pas le paiement des jours de grève.
Les femmes de ménage de l’entreprise Elior-Derichebourg ont repris le service ce vendredi 5 avril, après une mobilisation qui aura finalement duré six semaines.
Le vendredi 23 février, elles avaient décidé de se mettre en grève à la suite des courriers recommandés transmis par la société Elior-Derichebourg à 10 salariées leur informant de leur mutation d’office vers des hôpitaux ou des Ehpad. Des milieux professionnels qui sortent de leur champ de compétences car ces professionels du nettoyage travaillent essentiellement dans les bâtiments de l’administration depuis de nombreuses années.
Si elles ont réussi à obtenir l'annulation des mutations imposées par leur employeur, au bout de trois semaines de lutte acharnée, c'est seulement ce jeudi 4 avril, qu'elles ont finalement levé le mot d'ordre de grève après une assemblée générale des grévistes devant la Direction départementale du travail, de l'emploi et des solidarités (DDETS).
Une "grande victoire"
"Elles ont eu une grande victoire parce qu’avec les semaines de grève, elles ont fait reculer ce grand groupe qui voulait les muter de force sur d’autres sites, vers d’autres secteurs qui ne sont pas du tout dans leurs qualifications et supprimer la moitié des emplois", se réjouit Chantal Gomez, de la CGT-Nettoyage.
Trois semaines de lutte ont été nécessaires pour obtenir gain de cause mais la mobilisation a continué pendant trois semaines supplémentaires dans l'espoir d'obtenir le paiement de leurs jours de grève et pour "dénoncer l’attitude du patron, Elior, qui refuse jusqu’ici de discuter avec les salariées ", explique Chantal Gomez.
Six semaines de grève, c’est une perte énorme de salaire. Nous avons des factures en attente et le frigo vide parce qu’il n’y a pas d’argent qui rentre.
Une salariée d'Elior-Derichebourg.
Pour ces salariées dont la grande majorité est rémunérée au Smic, ces jours de grève constituent un énorme manque à gagner. "Six semaines de grève, c’est une perte énorme de salaire. Nous avons des factures en attente et le frigo vide parce qu’il n’y a pas d’argent qui rentre. La plupart d’entre nous sommes des femmes seules avec des enfants", regrette une salariée.
"Grève" ou "absence injustifiée" ?
Avant la reprise du travail ce 5 avril, la société Elior-Derichebourg avait fait le choix de recruter du personnel en Contrat à durée déterminée (CDD) pour remplacer les salariées en grève. Ce jeudi, de passage devant la DDETS, une jeune femme - qui a requis l’anonymat - témoigne avoir été recrutée par l'entreprise pour effectuer un remplacement sur l’un des sites administratifs gérés par l’entreprise, où son contrat se poursuit.
"Cela n’est absolument pas légal", explique, exaspérée, Laure Germain-Phion, l'avocate des salariées. "Quand une grève est légale, l’employeur ne peut recruter des CDD pour remplacer du personnel, c’est interdit par l’article L1242-6 du code du travail. Et c’est même une infraction pénale prévue à l’article L1248-3 du code du travail, qui est passible d’une amende de 3 750 euros assorti de 6 mois d’emprisonnement", précise l'avocate qui affirme avoir transmis une mise en demeure à l'entreprise.
Le 29 mars dernier, plusieurs employées avaient reçu une lettre pour "absence injustifiée" exigeant "leur retour au travail sous peine de sanctions disciplinaires pouvant aller jusqu'au licenciement"
Finalement, les employées ont donc pris la décision de retourner au travail ce vendredi. La représentante de la CGT-Nettoyage Chantal Gomez regrette toutefois qu'une discussion entre les salariées et l'entreprise n'ait pas eu lieu avant la reprise du travail.
Contactée, la direction régionale d’Elior-Derichebourg n'a pas souhaité répondre à nos questions.