Depuis la réélection féroce du président de la Métropole en 2020, la guerre entre Eric Piolle et Christophe Ferrari se poursuit. Le maire écologiste de Grenoble veut désormais réduire à 110 le nombre d'élus au conseil métropolitain, ce que dénoncent les communes moyennes.
C'était il y a quatre ans. Christophe Ferrari était réélu président de Grenoble-Alpes Métropole au détriment du candidat d'Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble. Depuis, entre les deux hommes, une guerre permanente se joue avec, cette semaine, une nouvelle offensive. Sans aucune concertation, la Ville de Grenoble a décidé de recomposer le conseil métropolitain.
De 119 élus aujourd'hui, la collectivité passerait à 110 en 2026. Une décision inadmissible pour le maire de Varces, comme de nombreuses communes de taille moyenne à l'image de La Tronche, Domène ou Vif. Celles-ci n'auraient plus qu'un seul représentant à la Métropole au lieu de deux.
"Un seul élu pour 8 500 habitants, ce n'est pas acceptable", estime Jean-Luc Corbet, maire (divers gauche) de Varces. "Il y a une certaine précipitation. Personne ne sait pourquoi. Pour nous, on ne peut pas envisager une gestion de la Métropole dans la précipitation, en inconsidérant une grande partie de la population. (...) Grenoble ne peut pas prendre le pouvoir dans tout le territoire de la Métropole", dénonce l'élu.
Scrutin joué d'avance ?
Les communes moyennes, victimes collatérales d'un conflit larvé et très politique. Parmi les neuf villes concernées, quatre sont à droite et quatre proches de Christophe Ferrari. A l'image de Saint-Martin-le-Vinoux, dont le maire est un opposant d'Eric Piolle, dénonçant "un coup très politicien vraiment lamentable."
"C'est un grand sentiment d'indignation à la fois pour les habitants mais aussi pour l'image que nous renvoyons de ce territoire. (...) Cette attitude belliqueuse, agressive, dénigre l'ensemble de la classe politique", juge le maire (divers gauche) Sylvain Laval. "Cela révèle une conception de l'exercice des responsabilités très clanique, partisane, qui veut prendre le pouvoir pour elle-même et considère la Métropole comme un outil à sa disposition."
En tant que ville centre de la Métropole, Grenoble est en droit de prendre cette décision. Eric Piolle espère ainsi peser davantage et faire avancer les dossiers qui comptent pour sa ville, notamment autour des transports ou des mobilités.
Il est inutile de répéter les erreurs du passé.
Eric Piolle, maire Les Ecologistes de Grenoble
"Cette dérogation à la loi qui abaisse le poids de Grenoble n'a pas amené à plus de travail territorial, à plus de relations entre les villes du pourtour et la ville centre sur plein de dossiers de la vie quotidienne, donc nous revenons à la loi. Il est inutile de répéter les erreurs du passé", estime l'édile écologiste, qui dément toute "guerre" l'opposant à Christophe Ferrari.
Cette décision sera votée au conseil municipal de Grenoble le 4 novembre, au risque peut-être d'envenimer encore une bataille qui n'en finit plus. Malgré leur opposition à cette mesure, les communes moyennes de la métropole craignent une issue sans grande surprise.