Comme au printemps dernier, les demandes d'aide alimentaire grimpent à cause du confinement. La Banque alimentaire de l'Isère doit se réorganiser face à une précarité grandissante.
La précarité resurgit en Isère à la faveur du second confinement. Les demandes d'aide alimentaire grimpent à nouveau, atteignant jusqu'à 7 500 bénéficiaires par semaine à l'échelle du département pour le mois de novembre. Une demande inhabituelle, mais encore loin des quelque 10 000 bénéficiaires hebdomadaires du printemps dernier.
"On note une forte hausse des bénéficiaires depuis la crise sanitaire", confirme le président de la Banque alimentaire de l'Isère, Christian Chédru. Sur la période allant de mai à septembre, la demande a augmenté de 20% entre 2019 et 2020. Une demande qu'il faut combler malgré un ralentissement de la ramasse de produits frais provenant des magasins d'alimentation. Il faudra aussi faire sans la collecte annuelle prévue fin novembre, reportée en janvier "si la situation sanitaire le permet". Elle permet chaque année la récolte de 300 tonnes de produits secs avant l'hiver.
"Les bénévoles doivent aller toujours plus loin pour collecter des denrées (...) mais on arrive encore à répondre à la demande des bénéficiaires", ajoute Christian Chédru. Grâce aux subventions allouées par le plan de relance ou le fonds européen d'aide aux plus démunis, l'association achète une partie des denrées qu'elle distribue. Une nouvelle organisation pour faire face à la vague de précarité.
En Isère, 10 700 emplois ont été supprimés lors du premier semestre 2020, selon une enquête socio-économique conduite par le Département en lien avec l'antenne iséroise de l'agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises. Et la rentrée de septembre a signé une hausse de 10% des demandes d'allocations du RSA par rapport à l'année passée.
Aller vers les zones blanches
"Parmi les bénéficiaires, on retrouve une majorité de femmes, retraitées, étudiantes ou mères au foyer", note le président bénévole de la Banque alimentaire de l'Isère. La moyenne d'âge se situe autour d'une cinquantaine d'années pour des bénéficiaires "souvent souffrants, sans activité salariale".
Les grands bassins de population telles que la métropole grenobloise concentrent la majorité des demandes. Mais Christian Chédru souligne le "besoin" d'aller vers les zones blanches, souvent des territoires de montagne où le dispositif d'aide alimentaire est moins présent. Des petits villages où les bénéficiaires, en majorité des retraités, franchissent rarement le pas pour demander de l'aide.
"Heureusement, on ne meurt plus de faim en France mais on meurt de mal manger", ajoute le bénévole, cuisinier de formation, qui veille à l'équilibre des produits distribués. Les besoins se situent aux alentours de 45 tonnes par semaine à l'heure du second confinement. "La crise sanitaire demande plus d'activité de la part de nos bénévoles, reconnaît-il, mais il ne faut pas relâcher nos efforts, il ne faut pas relâcher nos valeurs."