Pour le 75e anniversaire de la journée nationale du souvenir de la Déportation, dimanche, une cérémonie à huis clos s'est tenue à Grenoble. La ville a mis en ligne des témoignages de déportés pour commémorer cette journée malgré le confinement.
Le maire de Grenoble, seul devant le monument municipal. Pour la première fois depuis leur institution en 1954, les cérémonies de la journée nationale du souvenir de la Déportation ont été annulées, dimanche 26 avril. Partout en France, le confinement et la crise du nouveau coronavirus n'ont pas permis d'organiser des rassemblements pour commémorer cet événement, hommage aux personnes persécutées, pourchassées, arrêtées ou raflées lors de la Seconde guerre mondiale.
Dans la capitale des Alpes, le maire écologiste Eric Piolle a malgré tout souhaité déposer une gerbe devant le monument municipal pour rendre hommage "aux héros et aux victimes de la Déportation". "C'est un hommage, mais c'est aussi une réflexion sur ce qu'est l'humanité. Le plus sombre, avec les camps d'extermination nazis, qui ont touché les Juifs mais aussi les Tziganes, les homosexuels et bien d'autres. Je crois que cette mémoire vient nous porter aujourd'hui", a-t-il estimé.
Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la Déportation. La mémoire est une braise à entretenir en nous, à partager autour de nous, à transmettre à nos enfants. C'est ainsi qu'elle éclaire notre chemin. Grenoble se lève pour la République et la dignité de chacun pic.twitter.com/ppT90uItzh
— Éric Piolle (@EricPiolle) April 26, 2020
Témoignages de déportés
Grenoble est l'une des cinq communes de France élevées au rang de Compagnon de la Libération par le général De Gaulle, notamment pour son rôle dans la Résistance. "Dans ce monde qui tangue, il nous faut aussi trouver des sources d'inspiration pour avancer debout, et la Résistance a cette capacité d'entretenir une pointe de lumière. Ca peut aussi nous aider pour aujourd'hui", a poursuivi Eric Piolle après cette cérémonie à huis clos.
Les associations de déportés ont appelé leurs membres à observer une minute de silence à leur domicile, soulignant l'importance de la transmission de la mémoire alors que les témoins de la barbarie nazie sont de moins en moins nombreux. Quatre déportés sont toujours en vie en Isère. Parmi eux, il y a Edouard Bordet qui a connu le camp de concentration de Buchenwald, en Allemagne.
La municipalité propose d'écouter son témoignage ainsi que celui de Pierre Gascon, décédé en février 2019, sur une page dédiée de son site Internet. Un document y est également mis en ligne, un texte de Jean-Pierre Celse. Il y raconte que son père, Auguste Celse, a été déporté avec 375 autres Grenoblois pour avoir commémoré, le 11 novembre 1943, la victoire alliée de 1918 malgré l’interdiction allemande.