Des chercheurs travaillent sur plusieurs pistes qui pourraient permettre de recycler les masques, très utilisés par les soignants depuis le début de l'épidémie de coronavirus. Un professeur en santé publique grenoblois est à l'origine du projet.
Ils sont devenus aussi éphémères que recherchés. Les masques chirurgicaux et FFP2 - plus filtrants - font l'objet de toutes les convoitises, en pleine crise sanitaire du nouveau coronavirus. L'Etat vient d'en commander 2 milliards pour subvenir aux besoins des soignants. Une commande massive pour faire face à une demande qui l'est tout autant, car ces modèles de masques protecteurs ne peuvent être utilisés que 4 heures pour les premiers et 8 heures pour les seconds. Entre ressources limitées et courte durée de vie, un consortium de médecins, scientifiques et industriels grenoblois s'attèle à résoudre l'équation.
Il s'agit de trouver des pistes pour recycler ces différents masques, sans risque pour les soignants et les malades du Covid-19 qui les utiliseraient. Plusieurs méthodes, dont certaines prometteuses, sont expérimentées par un groupe de chercheurs piloté par le Centre national de recherche scientifique (CNRS) et le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).
?️A LIRE // ? Des solutions pour le recyclage des masques grâce à un consortium de chercheurs fédérés par Philippe Cinquin, prof. @UGrenobleAlpes, dir. @TIMC_Lab
— Université Grenoble Alpes (@UGrenobleAlpes) April 6, 2020
?A lire aujourd'hui sur @franceinter inter https://t.co/YSu5NjTveZ
Et ds le journal du CNRS https://t.co/u06gdkGYNv https://t.co/pB5yiv02pR pic.twitter.com/6L1VV6rhv6
"Tout a débuté le 4 mars lorsque ma collègue hygiéniste au CHU de Grenoble-Alpes Caroline Landelle m’a demandé s’il existait un moyen de diminuer la charge virale contenue dans un masque", raconte le professeur en santé publique Philippe Cinquin au journal du CNRS. Le projet s'est "rapidement" mis en marche, poursuit le praticien hospitalier, détaillant les différentes pistes à l'étude par le consortium de chercheurs qu'il a fédéré :
- Le lavage avec détergent à 60 ou 95°C ;
- Le passage en autocalve, un équipement de stérilisation par la vapeur, à 121°C pendant 50 minutes ;
- Une irradiation par rayons gamma ou bêta ;
- Une exposition à l'oxyde d'éthylène, connu pour ses propriétés biocides, repoussant ou rendant inoffensifs les organismes nuisibles ;
- Un chauffage à 70°C en chaleur sèche ou dans l'eau.
Pistes à affiner
Selon les premiers résultats, les masques chirurgicaux conserveraient leurs performances après un lavage jusqu'à 95°C. Et la piste de la stérilisation par la vapeur semble concluante sur ces mêmes équipements puisqu'"une perte d’efficacité de filtration inférieure à 2%" a été observée. Un résultat a priori conforme à la réglementation européenne.
L'irradiation a été écartée pour les masques FFP2, mais s'est montrée efficace sur les masques chirurgicaux, rapporte France Inter. La chaleur sèche serait, elle, efficace pour "détruire la charge virale contenue" sur les masques chirurgicaux et FFP2.
Le consortium travaille maintenant à définir la meilleure méthode de traitement pour les deux types de masques, "c'est-à-dire la plus efficace, mais aussi la plus adaptée pour une mise en oeuvre à grande échelle", ajoute le professeur à l'université Grenoble-Alpes Philippe Cinquin. Reste à savoir si ce système de recyclage de masques peut être réalisé individuellement ou de manière collective. Tout dépendra des équipements nécessaires.
"On peut imaginer que les soignants aient localement une étuve à disposition, potentiellement un autoclave", précise le chercheur dans une interview à France Inter. Pour l'instant, ces pistes sont conditionnées à la validation des autorités sanitaires. Les chercheurs grenoblois viennent de rejoindre un groupe de recherches international avec lequel ils vont partager leurs résultats, et avancer vers la méthodologie la plus adaptée.