Le ministre de la Santé Olivier Véran pourrait annoncer ce jeudi 8 octobre à 18 heures le passage de la métropole de Grenoble en zone d'alerte maximale avec de nouvelles restrictions sanitaires pour endiguer la propagation du Covid-19. Les derniers chiffres confirment l'accélération de l'épidémie.
Les chiffres sont parfois impitoyables. Quand on se penche sur les dernières données concernant l'évolution de l'épidémie de Covid-19 dans la métropole grenobloise et dans le département de l'Isère, il est difficile d'être optimiste avant le point presse d'Olivier Véran, le ministre de la Santé, ce jeudi 8 octobre à 18 heures. Ce dernier devrait annoncer le passage en zone d'alerte maximale de nouvelles grandes villes où la propagation du virus accélère encore et Grenoble, qui présente de mauvais chiffres, à de grandes chances d'en être.
Selon les données de Santé publique France du 7 octobre, il y a actuellement 159 personnes hospitalisées pour Covid-19 en Isère, dont 25 en réanimation et soins intensifs. Comme on le voit sur le graphique ci-dessous, la hausse du nombre de personnes hospitalisées rapportée à la population totale est bien plus rapide en Isère que dans le reste de la France depuis la mi-septembre, alors que tout au long de l'été les deux courbes suivaient une trajectoire identique. "Le temps de doublement du nombre de personnes en hospitalisation est actuellement de 9 jours. Cela augmente toujours, il y a beaucoup d'entrées. Les activités vont être diminuées pour la chirurgie", nous dit la docteure Anne-Laure Mounayar, spécialiste des maladies respiratoires au CHU de Grenoble.
Le constat est le même pour les malades du coronavirus en réanimation ou soins intensifs. À partir de l'indice base 100 sur le graphique ci-dessous, on observe que le nombre de personnes en réanimation a été multiplié par plus de 10 en Isère depuis le mois d'août, alors qu'en moyenne en France le nombre de malades du Covid en réanimation n'a été multiplié que par deux. Depuis la mi-septembre, la courbe du nombre de personnes en réanimation grimpe brutalement en Isère.
Le virus circule de manière importante même chez les personnes âgées
De plus, les derniers chiffres concernant la seule métropole grenobloise et datant du 1er octobre indiquaient une très forte présence du virus au sein de la population. Selon Santé publique France, le taux de positivité atteignait 18,22% pour l'ensemble de la population et 12,70% chez les personnes de plus de 65 ans, ce qui est inquiétant car cette tranche d'âge est la plus fragile face au coronavirus. Le taux d'incidence s'élevait lui à 283,2 cas positifs pour 100 000 personnes et 135 cas positifs pour 100 000 habitants chez les plus de 65 ans. "Le taux d'incidence est toujours très haut chez les jeunes de moins de 25 ans où il atteint 570. Il y a ensuite le risque qu'ils contaminent les personnes âgées dans la sphère privée", note l'infectiologue Anne-Laure MounayarCes statistiques montrent que le Covid-19 circule désormais de manière importante parmi toutes les tranches de population à Grenoble et les alentours, car même si les taux de positivité et d'incidence sont moins élevés chez les personnes âgées grenobloises, ils demeurent bien plus haut que les seuils d'alerte fixés par les autorités sanitaires. Le passage en "alerte maximale" est décidé selon trois critères, trois indicateurs : un taux d'incidence supérieur à 250 pour 100 000 habitants, le taux d'incidence chez les personnes âgées de plus de 65 ans et le taux de patients "Covid-19" en réanimation dans les hôpitaux de la région.
Ces données pourraient donc pousser le ministre de la Santé Olivier Véran à annoncer le basculement de Grenoble et son agglomération en zone d'alerte maximale ce 8 octobre. Cela signifierait sans doute une restriction des mesures sanitaires avec par exemple une fermeture des bars comme à Marseille.