Le maire de Grenoble, Eric Piolle, s'adresse au ministre de la Santé pour demander un "réel partenariat avec l'Etat" dans la gestion de l'épidémie de Covid-19. Il met en avant plusieurs "points problématiques" dans la stratégie élaborée par le gouvernement.
La métropole de Grenoble est sous haute surveillance en raison de la reprise de l'épidémie de Covid-19. Pointée comme susceptible de basculer en zone d'alerte maximale par le ministre de la Santé, son sort devrait être connu jeudi. Les bars et restaurants vont-ils devoir fermer leurs portes ? Faut-il anticiper de nouvelles restrictions sanitaires ? C'est dans ce contexte et face à ces incertitudes que le maire de Grenoble, Eric Piolle, adresse mardi 6 octobre une lettre à Olivier Véran dans laquelle il demande un "réel partenariat avec l'Etat".
"La situation sanitaire que nous vivons est une épreuve pour toutes et tous", amorce l'édile dans cette lettre au ministre de la Santé, avant de lister "plusieurs points (...) problématiques au point de mettre à mal notre capacité collective à gérer cette situation."
Le maire écologiste pointe d'abord un "paradoxe". Les remous survenus à Marseille après la fermeture des bars et restaurants ont incité le gouvernement à changer son fusil d'épaule. Le Premier ministre Jean Castex a échangé, jeudi, avec les maires de cinq grandes villes dont Grenoble pour accentuer la collaboration entre l'Etat et les collectivités locales.
Dans ces villes, la situation sanitaire doit être examinée une semaine à peine après cet entretien. Eric Piolle estime que "les effets des mesures souffriront nécessairement d'un décalage dans le temps." "Comment peut-on évaluer des mesures ou des choix stratégiques dans un délai inadapté à la concrétisation de ces mesures ?", questionne-t-il.
Raison pour laquelle l'élu met en doute la "concertation" prônée par le gouvernement Castex dans la gestion de la crise sanitaire, espérant que "cette dissonance peut être résolue par un temps plus long accordé aux collectivités". Concrètement, que l'Etat laisse un délai supplémentaire avant d'évaluer les mesures prises à l'échelle locale.
Davantage de "concertation"
Autre "point handicapant" pour l'édile écologiste : "l'absence de connaissance de notre part (les élus locaux, NDLR) des scénarios que l'Etat élabore pour les semaines et mois qui viennent." Un reconfinement est-il à l'étude ? Si oui, selon quels critères géographiques ou de classes d'âge ? C'est la question posée dans cette lettre.
Ces scénarios doivent être connus des élus locaux, selon Eric Piolle, pour "anticiper les semaines et mois qui viennent, qui s'annoncent d'une violence inouïe". Le maire de Grenoble demande "davantage d'informations" à l'Etat pour faire face aux premières conséquences de la crise sanitaire : "Précarité, chômage, isolement, décompression, violences conjugales, ruptures de traitement en psychiatrie, etc."
Avant son entretien avec Jean Castex, Eric Piolle s'était dit "prêt à travailler avec l'Etat", confiant à l'entourage du Premier ministre que "la situation sanitaire (n'était) pas bonne" à Grenoble. Il attend désormais que le gouvernement fasse, à son tour, un pas vers les collectivités locales.