Sur les dix dernières saisons de ski, moins d'une dizaine de personnes sont mortes, en moyenne, chaque année, sur les pistes. Mais les deux accidents mortels survenus ces derniers jours dans les Alpes posent question sur les risques d'accidents en ski alpin.
Deux accidents mortels sur les pistes de ski en l'espace de quelques jours. Gaspard Ulliel est décédé mercredi 19 janvier à l'hôpital de Grenoble. L'acteur se trouvait dans un état critique après une collision avec un skieur sur le domaine de la Rosière, en Savoie. Quatre jours plus tôt, une fillette britannique de 5 ans trouvait la mort à Flaine, en Haute-Savoie, percutée par un skieur qui évoluait à vive allure.
"Deux morts en moins d'une semaine, c'est très dur", réagit Laurent Reynaud, le délégué général de Domaines Skiables de France (DSF). Depuis 2008, entre 5 et 11 accidents mortels sont survenus chaque année sur les pistes françaises, sans évolution notable, selon un rapport du Système national d'observation de la sécurité en montagne publié en 2020.
Des consignes de sécurité parfois ignorées
Célérité, consommation d'alcool, de stupéfiants... Les causes sont multiples. Près de 110 000 accidents traumatiques ont été recensés lors de la saison 2019-2020 par l'association Médecins de montagne. Et les collisions entre skieurs restent très minoritaires.
Les secours en montagne insistent sur le respect des consignes de sécurité. "Souvent, dans l'accidentologie, la signalisation n'est pas suffisamment respectée. Quand il est demandé de ralentir, c'est parce qu'il y a un danger à cet endroit et ce n'est pas parce qu'on est bon skieur qu'on peut s'affranchir de cette signalisation", souligne le capitaine Frédéric Binet, commandant en second du PGHM de l'Isère.
La Fédération française de ski liste sur son site dix règles de conduite pour éviter les accidents sur les pistes. Elle recommande de porter un casque et de respecter une vitesse modérée.
Les pistes bleues plus accidentogènes
Les deux accidents mortels survenus depuis le début de l'année dans les Alpes se sont produits sur des pistes bleues. Destinées aux débutants, celles-ci sont le théâtre le plus fréquent des accidents de ski. Sur les quelque 23 000 personnes secourues sur les domaines skiables français lors de la saison 2018-2019 - la dernière en date avant la pandémie - près de 20 % l'ont été sur des pistes bleues.
"Il semble que les pistes « faciles » soient propices aux différences de vitesse et de trajectoires. (...) Les blessures engendrées par ces accidents à cinétique élevée mobilisent fortement les services d’urgence en période de haute fréquentation", peut-on lire dans le même rapport du Système national d'observation de la sécurité en montagne.
"Il y a de plus en plus de styles de glisse différents. Autrefois, il n'y avait que le ski alpin puis il y a eu le snowboard, le skwal (un monoski, ndlr). Tout cela apporte des problèmes de cohabitation", ajoute le capitaine Frédéric Binet.
Campagne de prévention
Après presque deux saisons d'interruption pour cause de crise sanitaire, les domaines skiables ont rouvert leurs pistes au début de l'hiver. Une large campagne de sensibilisation a donc été lancée par DSF pour inviter les skieurs à la prudence.
Les stations forment également leurs pisteurs-secouristes à interpeller les clients qui n'auraient pas un comportement approprié sur le domaine. "Ils sont à même de retirer le forfait d'une personne qu'ils suspecteraient d'avoir un comportement dangereux ou inadapté. La gendarmerie locale peut aussi faire des contrôles sur les pistes", précise M. Binet.
Le casque obligatoire fait débat
Si le décès d'une fillette de cinq ans à Flaine est dû à la vitesse excessive du skieur qui l'a percutée, celui de Gaspard Ulliel mardi ne semble pas avoir été causé par un comportement imprudent. Celui-ci ne portait pas de casque au moment de la collision même si "cela n'aurait pas nécessairement changé les choses", indique la procureure d'Albertville.
Obligatoire pour les enfants dans les cours de ski, cet équipement ne l'est pas sur les pistes. Contraindre les skieurs à le porter ne constitue pas, pour nombre d'acteurs, la solution ultime, même si la question fait toujours débat. Le port du casque réduit le risque de blessures à la tête de 35 %, selon une analyse de plusieurs études menées par une revue médicale canadienne en 2010.