Trois mois après la disparition de Maëlys, le Procureur de la République de Grenoble s'est exprimé ce jeudi 30 novembre. Jean-Yves Coquillat a annoncé la mise en examen pour meurtre précédé d'un crime du principal suspect.
Nordahl Lelandais, le principal suspect dans la disparition de Maëlys, a été "mis en examen pour meurtre précédé d'un autre crime", comme l'a expliqué Jean-Yves Coquillat, le procureur de la République de Grenoble, à l'occasion d'une conférence de presse, le 30 novembre. Incarcéré depuis le 3 septembre, l'homme était déjà mis en examen pour enlèvement et séquestration de mineur de 15 ans. Il encourt désormais la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 30 ans. Le procureur de la République a rappelé qu'il bénéficiait de la présomption d'innoncence.
C'est la première fois que Jean-Yves Coquillat s'exprime publiquement depuis l'incarcération, le 3 septembre dernier, du principal suspect de l'enlèvement de la fillette. Un ex-militaire, originaire de Domessin en Savoie, qui a obtenu aujourd’hui l’annulation de ses premières déclarations en garde à vue devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Grenoble. Et qui a, dans la foulée, été auditionné par les trois juges d’instruction chargés du dossier.
Maëlys, 9 ans, a disparu dans la nuit du 26 au 27 août de la salle polyvalente de Pont-de-Beauvoisin (Isère) lors d'une soirée mariage.
Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse
Avant tout, Jean-Yves Coquillat, procureur de la république de Grenoble, a rappellé que le principal suspect bénéficiait toujours de la présomption d'innocence.
L'enquête s'est attachée à établir la chronologie précise de la soirée.
Elle peut se résumer ainsi. Dans la nuit Nordahl Lelandais a fait trois allers-retours de la salle des fêtes à son domicile puis un quatrième voyage, un aller simple à son domicile
Les deux premiers ont eu lieu avant minuit. Avant la disparition de Maëlys fixée à 2h45 par les enquêteurs. Elle est contestée par le principal suspect mais établie par la quasi-totalité des autres témoignages
- A 2 heures 46 et 12 sec, le suspect a activé le mode avion sur son téléphone portable. A 2h47, son véhicule a été filmé par une caméra de surveillance à Pont-de-Beauvoisin. Il y avait une forme blanche sur le siège passager à l'avant. Un silhouette frêle, de petite taille.
- A 3h24 et 29 sec le véhicule est de nouveau filmé dans le sens du retour. Le conducteur est seul dans la voiture
- A 3h25 et 58 secondes il désactive le mode avion. Le téléphone borne sur une cellule de relais à proximité de la salle des fêtes.
- A 3h57, le véhicule est de nouveau filmé par la vidéosurveillance. C'est le dernier voyage. Le téléphone est replacé en mode avion. Il ne sera réactivé qu'à 7h06. Le suspect est alors dans la zone de son domicile.
Il sera entendu comme témoin l'après-midi de la disparition. Une demi-heure après, il nettoie sa voiture à fond dans une station service où il est filmé par une caméra. Il emportera les lingettes. Le lendemain, il demande la résiliation de sa ligne téléphonique.
Le procureur est également revenu sur les trois vidéos issues des caméras de vidéo-surveillance examinées par les enquêteurs. "Sur deux de ces vidéos, nous voyons une forme de petite taille une robe blanche et des cheveux qui semblent bruns". "Il s'agit bien d'un être humain", a-t-il précisé plus tard en réponse aux journalistes.
Plusieurs éléments permettent de penser que le véhicule observé, une Audi A3, est bien celui de Nordahl Lelandais. L'expertise effectuée par le laboratoire de la gendarmerie montre un certain nombre de concordances comme la position des vignettes ou les jantes.
C'est un homme qui s'exprime calmement avec beaucoup de sang froid
Durant son audition, le suspect a visionné les vidéos devant ses trois avocats. Il a affirmé qu'il n'agissait pas de sa voiture. D'après le procureur, Nordahl Lelandais s'est longuement expliqué. "C'est un homme qui s'exprime calmement avec beaucoup de sang froid". "Il a beaucoup changé physiquement, il s'est laissé pousser la barbe, il est méconnaissable." a-t-il précisé.
Pour le Parquet, "l'hypothèse la plus probable c'est que l'enfant a été enlevée à 2h47. Il revient sans. Pour nous, c'est la période où l'homicide a eu lieu, la deuxième période étant la période de dissimulation du corps." Le procureur a conclu : "Cette affaire ne sera jamais complètement résolue tant que nous n'aurons pas retrouvé l'enfant".
Les recherches se poursuivent toujours sur le terrain, même si "il sera difficile de retrouver le corps de la fillette si nous ne savons pas où chercher", a regretté Jean-Yves Coquillat.
Le suspect confronté aux éléments de l'enquête aujourd'hui nie toujours les faits.
Toujours présumé innocent, le suspect est mis en examen pour meurtre précédé d'un crime (enlèvement et séquestration). Il encourt une peine de prison à perpétuité assorti d'une peine de sûreté de 30 ans.