Le champion du monde en titre de triathlon, Dorian Coninx, lance officiellement sa saison ce vendredi 8 mars à Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis. Une saison clé pour le Grenoblois, qui se terminera par les Jeux olympiques à domicile à Paris.
Il confesse s'être lancé dans le triathlon "sur un coup de tête" à 17 ans après le lycée. Treize ans plus tard, le Grenoblois Dorian Coninx, sacré champion du monde 2023, représente un sérieux espoir de médaille pour la France aux JO 2024.
Avec sa couronne mondiale arrachée en mode "hold up" à la surprise générale, le triathlète de 30 ans termine actuellement sa préparation hivernale. Alors que les derniers jours s'égrènent avant le premier grand rendez-vous de la saison, l'étape d'Abou Dhabi du circuit mondial WTCS, du 8 au 10 mars, il se sent "bien", explique-t-il en marge d'un entraînement à Meylan, en banlieue de Grenoble.
"Je ne me mets pas la pression outre mesure. C'est surtout pour reprendre le contact avec la compétition, pour voir où j'en suis, pouvoir me comparer une première fois aux autres et voir s'il y a des ajustements à faire" dans l'intense préparation suivie actuellement, sourit le jeune homme, longue silhouette sculptée et légère barbe brune.
Imiter son "meilleur pote"
Dorian Coninx s'astreint à un volume de 25 à 35 heures de sport par semaine, sans jour de repos et sans compter les à-côtés : récupération, préparation mentale, musculation... Avec en ligne de mire les Jeux olympiques cet été, un rendez-vous qui jusqu'ici ne lui a pas permis de percer. En 2016, il s'était classé 36e à Rio, et 17e cinq ans plus tard à Tokyo, où il avait aussi obtenu une médaille de bronze en relais mixte.
Le triathlon est entré un peu par hasard dans la vie de ce natif d'Echirolles, près de Grenoble, qui pratiquait la natation au club local depuis l'âge de 7 ans. Le tournant intervient lorsqu'il décide brusquement d'imiter son "meilleur pote", repéré par un coach pour une course de triathlon.
"J'ai vraiment accroché direct avec ce sport", explique-t-il, disant apprécier le contact avec la nature. Mais, à l'époque, "je ne me disais pas 'je ferai encore ça dans quinze ans'", s'amuse-t-il. "Je ne me posais pas la question du haut niveau."
"Entraînement à la carte"
Démarre alors ce qui deviendra le "cercle de performance", un groupe de haut niveau ou "squad" composé d'une dizaine de sportifs pros ou semi-pros et doté de son propre coach rémunéré par ses membres. Une pratique devenue relativement commune dans le triathlon et qui permet "un entraînement à la carte", loin des contraintes que pourrait imposer un club ou une fédération.
"Tout le monde y trouve son compte, tout le monde progresse, avec des objectifs différents mais 'drivés' par le haut niveau", explique le champion qui, parallèlement, fait partie depuis neuf ans du Bataillon de Joinville, un groupe de quelque 150 sportifs sous contrat avec l'armée.
"Le groupe de Grenoble fait partie des meilleurs dans le monde du triathlon" et Dorian Doninx, s'il est le plus titré et le plus connu, n'est pas le seul espoir du groupe, se réjouit leur entraîneur depuis fin 2020, Julien Pousson, 33 ans et lui-même ancien triathlète sur le circuit de Coupe du monde.
Parmi cette "bande de potes" composée de onze garçons affûtés, il y a notamment Baptiste Passemard, vice-champion du monde des moins de 23 ans, et Mathis Margirier, spécialiste du triathlon longue distance, qui, "plus jeunes" que Doninx, poussent derrière. De quoi garantir une belle "émulation" dans ce groupe qui s'entraîne presque chaque jour ensemble.
"Le meilleur résultat possible"
Quant à Dorian, "cela fait trois olympiades qu'il est dans le coup, il a acquis plus de maturité et d'expérience. C'est quelqu'un qui est déterminé, qui met beaucoup d'engagement dans ce qu'il fait", assure Julien Pousson.
"Ce n'est pas forcément toujours facile pour lui de gérer l'aspect émotionnel, ça peut être des difficultés de stress, de concentration", mais la préparation mentale, que son poulain travaille depuis sept ans, est fondamentale pour "faire des ancrages", explique-t-il, à savoir pouvoir basculer dans un état émotionnel positif.
Ce travail lui a permis notamment de se placer parmi les meilleurs et de remporter le titre mondial en septembre dernier à Pontevedra, en Espagne : "Rien que de se dire : 'Je suis champion du monde', c'est trop cool. Quand j'ai commencé ce sport, je n'y pensais même pas. Je ne me disais même pas que j'en avais envie, parce que c'était trop lointain", dit Dorian Coninx, conscient du chemin qu'il a parcouru.
"Aujourd'hui, on travaille pour avoir le meilleur résultat possible, et le meilleur résultat possible, c'est la médaille d'or", conclut Julien Pousson.