Invité de l’émission « Dimanche en Politique », Eric Piolle, maire écologiste de Grenoble, a livré son point de vue sur bon nombre de sujets de société. Alors que beaucoup lui prêtent des ambitions nationales, l’édile a posé les bases de sa vision.
La question l’a fait sourire. Comme d’autres en leur temps, Eric Piolle pense-t-il à l’élection présidentielle tous les matins en se rasant ? Non, à en croire le principal intéressé : « Je sais que cette question intéresse beaucoup de monde mais le matin, en me rasant, j’ai la chaîne de Belledonne face à moi et c’est un émerveillement quotidien ».
Pour l’annonce officielle de candidature, il faudra donc encore attendre un peu. Mais il ne fait plus guère de doute que le maire de Grenoble vise désormais la Présidentielle 2022. Il y a quelques semaines, il créait une plateforme participative, « Une certaine idée de demain », avant de lancer les bases d’une association de financement politique, « Kairos Etxea » ou « la maison du moment opportun » en Béarnais.
« Je témoigne que l’écologie au pouvoir, ça marche »
D’ailleurs, interrogé sur son omniprésence sur le terrain aux quatre coins de la France, Eric Piolle n’a pas nié son implication. A la question de savoir s’il entendait incarner ainsi « une forme d’anti-Macron » en mettant en avant des mandats locaux que l’actuel locataire de l’Elysée n’a jamais exercé, le maire de Grenoble répond : « Le Président de la République a réussi malgré cela. On ne peut pas lui retirer un parcours qui a été plutôt une réussite dans sa capacité à mettre en œuvre ses idées. Je ne suis pas d’accord avec ses idées, néolibérales et violentes pour la société, mais il a réussi à faire avancer ses pions. Ce que je fais moi, dans tous mes déplacements, c’est témoigner que l’écologie peut accéder au pouvoir et que l’écologie au pouvoir, ça marche ».
De plus en plus présent dans les médias nationaux, le maire de Grenoble a déploré l’absence d’alliance à gauche pour le premier tour des Régionales mais n’a pas fermé la porte à un rapprochement futur entre Fabienne Grébert, la candidate EELV, et Najat Vallaud-Belkacem, tête de liste du PS. Eric Piolle est également revenu sur plusieurs de ses déclarations qui ont animé le débat : la 5G qui ne servirait « qu’à regarder du porno dans les ascenseurs » ou encore l’impunité supposée des policiers.
« Nous mettons nos policiers dans une situation de grande tension »
En la matière, Eric Piolle a confirmé son intention de mettre en œuvre un « Beauvau de la Confiance » plutôt qu’un « Beauvau de la Sécurité ». Et d’argumenter : « 80% des plaintes de femmes pour viol ou agressions sexuelles sont classées sans suite. Le service public doit progresser dans cette capacité à accueillir la parole des victimes. Sur le Beauvau de la Confiance, une proposition faite trois jours avant celle du Président de la République, il me semble qu’on ne peut pas faire une politique uniquement en regardant l’angle policier. Nos policiers, nous les mettons dans une situation de grande tension. Nous devons aussi regarder comment nous faisons une politique de prévention et une politique de justice ».
Et de citer l’exemple de l’Allemagne, dotée de 30 juges pour 100.000 habitants quand la France n’en compterait que 13.
« La lutte contre le trafic de cannabis, c’est comme vider la mer à la petite cuillère »
Pour alléger la charge de travail qui pèse sur les policiers et sur l’institution judiciaire, le maire de Grenoble a réaffirmé être favorable à une légalisation du cannabis : « Ce n’est pas forcément la position que j’avais quand j’étais citoyen mais celle à laquelle je suis arrivé. Mais quand une société se drogue de façon aussi massive, c’est qu’elle a un problème. Nous avons le record d’Europe de la consommation de cannabis chez les mineurs, c’est un échec du point de vue de la santé, et toutes nos forces de police sont concentrées sur ce trafic mais c’est comme vider la mer à la petite cuillère. Et, en attendant, nos policiers ne sont pas en train de protéger la population ».