A Grenoble, le data center d'Eolas fait partie des premiers à avoir misé sur l'économie d'énergie. Il fonctionne grâce à des énergies renouvelables et utilise l'eau du Drac pour refroidir son système. Visite et explications.
Envoyer des mails, regarder des films en streaming, stocker des photos en ligne, des actions qui ont envahi notre quotidien sans même qu'on y réfléchisse plus. Or, toutes ces données sont stockées dans des grands centres sécurisés appelés des data centers. Un data center consommerait autant d'électricité que 30 000 habitants européens.
A Grenoble, installé sur une ancienne friche industrielle, le Green Data center d'Eolas fait partie des premiers à avoir misé sur l'économie d'énergie. Il fonctionne grâce à des énergies renouvelables et utilise l'eau du Drac pour refroidir son système.
Dans ses installations, plus de 2000 serveurs enregistrent des milliards de données provenant de sites internet ou de nos recherches en ligne. 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, les data center comme celui-ci tournent à plein régime et consomment énormément d'énergie. C'est ce qu'on appelle la pollution numérique.
" Pour fonctionner, ces serveurs consomment énormément d'électricité, pour traiter les données et faire les calculs, et génèrent une chaleur très importante", explique Antoine Grosset, exploitant du Green Center Eolas.
Pour éviter que la température ne grimpe trop dans la salle des serveurs, la plupart des data center sont obligés de se doter d'énormes climatiseurs, qui émettent des gaz à effets de serre. Alors, pour limiter son empreinte carbone, cette entreprise a préféré mettre à profit son environnement naturel, en utilisant la nappe phréatique située 30 mètres plus bas.
"Nous puisons l'eau sous-terraine du Drac, à 14 degrés, qui rafraîchit, lors de notre process, nos installations", précise Bruno Touzain, responsable d'exploitation du Green Center Eolas.
Grâce à cette technologie unique, ce centre de stockage utilise trois fois moins d'énergie que les autres pour refroidir ses machines. Il est aussi l'un des rares à utiliser uniquement de l'énergie verte, dont une partie est produite par ses propres panneaux solaires.
Pourtant, l'économie d'énergie dans le domaine du numérique est un enjeu majeur. Les data centers représenteraient à eux-seuls 10% de la consommation mondiale d'électricité, indique le CNRS dans son article "Numérique : le grand gâchis énergétique", dans lequel "les scientifiques pointent un mode de fonctionnement peu optimisé et très énergivore".
Créé en 2011, ce site d'Eolas fait toujours figure d'élève modèle parmi les 200 data center présents en France. Aujourd'hui, l'entreprise souhaite même revaloriser l'énergie produite par ses serveurs pour chauffer une entreprise voisine.
"Il est certain que si chaque acteur y mettait du sien et faisait des efforts d'optimisation d'énergie, on ferait beaucoup d'économie, à l'échelle mondiale" souligne Antoine Grosset, une conclusion qui fait écho à "l'histoire bien connue du petit colibri qui fait sa part".