À moins de six semaines des élections européennes, la tête de liste de la France insoumise, Manon Aubry a donné un meeting, mardi 30 avril, à Grenoble (Isère). L'élue a défendu son bilan et taclé ses adversaires de gauche, qu'elle accuse d'avoir fait "le choix de la division". Mathilde Panot, tout juste sortie de son audition pour apologie du terrorisme, était à ses côtés.
Il ne fallait pas moins de trois salles pour accueillir le millier de militants de La France insoumise (LFI) à Alpexpo, le centre d'exposition et de congrés de Grenoble. La tête de liste du parti aux élections européennes, Manon Aubry, était de passage ce mardi 30 avril en Isère pour défendre sa candidature.
Lors de sa prise de parole, Manon Aubry n'a pas manqué de tacler ses concurrents socialistes et leur tête de liste, qu'elle accuse d'alignement sur les politiques libérales. “Il faut dire ce qui se passe au Parlement européen. Les socialistes, les libéraux macronistes et la droite gouvernent ensemble pour signer à tour de bras des accords de libre-échange, voter les règles austéritaires qui vont sacrifier nos services publics et notre protection sociale, ils votent ensemble sur le marché de l’énergie. Il faut rendre des comptes, c'est l'occasion ces élections européennes.”
"Une autre trajectoire de gauche"
Face à un parterre de militants, l'élue a ajouté qu'elle "regrette que certains aient fait le choix de la division. On n'est pas condamné au duo entre RN et macronistes. Il y a une autre trajectoire de gauche pour le partage des richesses et la transition écologique".
Mathilde Panot est également montée à la tribune à Grenoble. Quelques heures seulement après entendue par la police pour apologie du terrorisme après des propos liés à la guerre au Proche-Orient, la cheffe de file du parti à l'Assemblée nationale est revenue sur cette audition : "C'est la première fois de toute l'histoire de la Vᵉ République qu'une présidente de groupe d'opposition est convoquée devant la police. C'est-à-dire : est convoquée pour rendre compte de ses opinions politiques, de nos opinions politiques devant la police, a tonné la députée de la 10ᵉ circonscription du Val-de-Marne, présente au rassemblement. Ce qu'est en train de faire Emmanuel Macron a un nom, cela s'appelle recréer une police de la pensée !"
Magnifique meeting à Grenoble avec Manon Aubry, Damien Carême et Arash Saeidi.
— Mathilde Panot (@MathildePanot) April 30, 2024
3 salles combles.
Plus de 1000 personnes.
Une démonstration de force et un avertissement pour Macron : aucune répression ne nous jamais fera changer nos convictions !
Le #9juin donnez nous la… pic.twitter.com/wELwQ9Dcf1
Le RN en tête des intentions de vote
Un discours qui n'a épargné personne, et qui a su attirer de potentiels électeurs déçus par l'éclatement de l'union de la gauche en 2022. “Moi, je ne suis pas membre de LFI, je soutiens le programme de la NUPES, a expliqué une sympathisante rencontrée à Alpexpo. Pour moi, Manon Aubry porte le programme de la NUPES."
“Il faut rester sur nos bases sur le programme. Si on commence à essayer de séduire des gens qui pensent autrement, on va perdre notre électorat, prévient un militant LFI. Beaucoup de partis - radical, communiste, socialiste - ils naissent, ils grandissent, ils vivent et une fois qu’ils ont accès à leurs revendications, une nouvelle génération se lève. Le temps de l’insoumission est arrivé.”
Changer la trajectoire de l'Europe, pour une gouvernance plus sociale, c'est ce qu'espèrent les électeurs de la France Insoumise.
Créditée de 7% des intentions de vote à moins de six semaines du scrutin du 9 juin prochain, la France insoumise est loin derrière la liste socialiste (14%), menée par Raphaël Glucksmann, et celle de la majorité présidentielle (17%), conduite par Valérie Hayer, selon une étude Cevipof-Ipsos-Institut Montaigne-Fondation Jean-Jaurès pour Le Monde, publiée lundi 29 avril, et portant sur 10 651 personnes. Le Rassemblement national, porté par Jordan Bardella, est en tête du sondage (32%).