Réunis en assemblée générale extraordinaire, les copropriétaires de l'immeuble du Carrare, situé à Échirolles, ont voté à l'unanimité le financement des travaux de rénovation et de sécurisation exigés par la mairie. Privés de leur logement depuis plus de trois semaines, la vingtaine de locataires de l'immeuble loge encore à l'hôtel.
Les habitants vont peut-être enfin voir le bout du tunnel. Évacuée fin septembre en raison d'un "danger de mort permanent", la vingtaine de locataires de l'immeuble du Carrare à Échirolles, loge depuis plus de trois semaines à l'hôtel, en attendant de savoir si des travaux seront menés dans leur résidence.
Les copropriétaires des 80 logements qui composent la résidence du Carrare étaient réunis ce vendredi 18 octobre en assemblée extraordinaire avec à l'ordre du jour : le vote sur le financement des travaux de rénovation du bâtiment.
Un vote rempli d'espoir
Inondé par le trafic de stupéfiants et théâtre de plusieurs fusillades depuis de longs mois, l'immeuble du Carrare avait été évacué sur ordre de la mairie, à la suite d'un arrêté de mise en péril. Selon la municipalité, le risque d'incendie et électrique était trop important pour laisser les habitants vivre dans la résidence, fortement dégradée par les dealers.
Mais une question restait en suspens : les copropriétaires allaient-ils accepter de payer la facture des travaux estimée entre 50 000 et 70 000 euros. Finalement, la réponse a été unanime : "oui", ils les financeront.
"On va faire le nécessaire car notre intérêt est de pouvoir reloger nos locataires dans des bonnes conditions. [...] On veut retrouver la quiétude de cette résidence, qui à l'origine était une résidence étudiante", confie un propriétaire qui souhaite conserver son anonymat.
Malgré cet engagement, il redoute un "puits sans fonds" et le retour des dealers à l'issue des travaux de rénovation. "Je ne vais pas continuer à balancer de l'argent pour faire des réparations, des rénovations tout en sachant que derrière cela risque d'être dégradé et cassé", craint-il.
Depuis plusieurs mois, ce propriétaire se retrouve financièrement dans le rouge. Priés d'évacuer, fin septembre, ses locataires ont donc quitté leur logement. Une mauvaise nouvelle pour celui qui a investi pendant près de cinq ans pour s'offrir deux appartements de l'immeuble.
"Ça mettait un petit peu de beurre dans les épinards les loyers qui rentraient. Désormais, tous les mois, je perds de l'argent. Et quand je dois payer les charges chaque trimestre, je suis à découvert de 400 euros. [...] On a toujours le regret d'avoir fait cet achat. Et il faut se dire qu'on va le traîner comme un boulet au pied", s'inquiète le propriétaire, qui n'ose pas encore se projeter sur le coût des travaux.
La mairie lance une pétition pour lutter contre le narcotrafic
Dans un souci de sécurité pour l'ensemble des propriétaires et des locataires, la municipalité d'Échirolles poursuit son combat. Fin août, la maire (PCF) Amandine Demore (PCF) avait envoyé une lettre au chef de l'Etat, Emmanuel Macron, dans laquelle, elle réclame un commissariat de plein exercice.
Un courrier longtemps resté sans réponse. Mais finalement, sa demande a été rejetée par le président de la République qui promet toutefois l'arrivée de 28 nouveaux policiers en novembre. Malgré cette "petite victoire", l'édile vient de lancer une pétition diffusée en ligne et auprès de ses administrés. Dans celle-ci, elle revendique davantage de moyens pour une "présence policière en permanence 24h sur 24 sur le territoire".
🔴 #Échirolles réclame un commissariat de plein exercice au Président de la République @EmmanuelMacron !
— Ville d'Echirolles (@Echirolles38) October 18, 2024
📢 Signez la pétition pour une vraie police de proximité dans notre ville. La sécurité est un droit pour toutes et tous !
Agissons ensemble 👉 https://t.co/NUADaEGQfX pic.twitter.com/asNkwbee5R
Et cette requête garantirait, selon la maire, d'éviter le retour des dealers à l'immeuble du Carrare, une fois les travaux terminés. "Si on ne nous coupait pas les moyens de prévention, si on ne s'en prenait pas au service public au sens large, on ne serait pas dans cette situation. [...] On est en échec depuis des années et il faut que l'Etat change de stratégie", déclare Amandine Demore.
Pour l'heure, la date des travaux de rénovation de l'immeuble n'est pas encore fixée. Mais les copropriétaires souhaiteraient que tout soit terminé dans les six prochains mois.