Présenté à Grenoble cette semaine dans le cadre du 7ème festival de cinéma ibérique et latino-américain Ojo Loco, le film "Deslembro" de Flavia Castro revient sur les années de plomb au Brésil. Sa réalisatrice s'est confiée au micro de france 3 Alpes.
1979. Joana est une adolescente passionnée de littérature et de rock. Alors qu'elle vit à Paris, une loi d'amnistie est votée au Brésil, dirigé par une junte militaire. Du jour au lendemain, et contre son gré, elle retourne avec sa mère et ses petits frères dans un pays qui l'a vue naître mais qu'elle connaît à peine. Au début des années 80, à Rio-de-Janeiro, là même où son père militant politique a disparu des années plus tôt, la jeune fille retrouve par bribes les souvenirs de son enfance fragmentée.
Voir le Teaser de "Deslembro".
"Deslembro", "se dé-souvenir" en portugais est le titre de cette fiction très réaliste signée Flavia Castro. Un film en partie autobiographique puisque la réalisatrice brésilienne a connu elle-même l'exil en France durant son adolescence, mais contrairement à son héroïne, son père opposant au régime, n'a pas été victime de disparition forcée. Ce film aborde un pan méconnu de l'histoire du Brésil, les années 1964-1984, période où le pays a été dirigé par une junte militaire et où des centaines d'opposants ont été victimes de ces "disparitions forcées".
Flavia Castro s'est confiée au micro de France 3 Alpes.
Contrairement à certains pays voisins comme l'Argentine et le Chili où les années de dictature ont fait l'objet de nombreux films et documentaires, accompagnant le travail de mémoire des historiens, le Brésil a étouffé ces années sombres que le nouveau président Jaïr Bolsonaro veut réhabiliter. Ce lundi, il a ordonné que soient organisées des commémorations pour le 55e anniversaire du coup d'Etat du 31 mars 1964 qui avait installé la dictature militaire. Bolsonaro, ex-capitaine chez les parachutistes et dont le gouvernement comprend huit militaires parmi ses ministres, est un admirateur avoué de la période de la dictature. Selon la Commission nationale de la vérité, il y eut durant cette période 434 assassinats et des centaines de détentions arbitraires et de tortures d'opposants.
Le reportage sur le festival Ojo Loco, de Damien Borrelly, Yves-Marie Glo et Tao Huynh.
Dans ce contexte, le film de Flavia Castro lève un voile sur ce pan sombre de l'histoire brésilienne. Deslembro n'a pas encore trouvé de distributeur en France mais le film a été programmé dans plusieurs festivals de cinéma latino-américain, à Bordeaux, Toulouse et à l'occasion du festival Ojo Loco de Grenoble où il est en compétition. La Cinémathèque de Grenoble propose également un cycle autour du cinéma brésilien avec une Nuit Blanche le 5 avril, salle Juliet-Berto.
