Grenoble : bras de fer Piolle-Ferrari, décisions repoussées... trois questions pour comprendre la paralysie de la Métro

Ce vendredi 18 septembre doit se dérouler l’élection des vice-présidents de Grenoble Alpes Métropole. Après le schisme de juillet dernier, écologistes et socialistes pourront-ils se réconcilier ? A quelques heures de l’échéance, la tension demeure…



 

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C’est un peu la réunion de tous les dangers. Depuis 16 heures, ce jeudi 17 septembre, les quatre groupes politiques qui composent la majorité de gauche sont réunis pour un dernier round de négociations. Mais entre l’alliance des écologistes et des communistes d’un côté et celle qui regroupe socialistes et maires des « petites communes » de l’autre, la grande réconciliation de la gauche n’est pas encore garantie.

Contacté par téléphone juste avant la reprise des négociations, un élu nous confiait : « Il n’y a rien de fait, on essaie de consolider les avancées. Mais, clairement, cela s’annonce tendu. On se prépare à y passer la nuit… ». L’ambiance est digne de House of cards mais à la sauce dauphinoise ! 

 

Pourquoi ça bloque ?


Il faut remonter au 17 juillet dernier. Ce soir-là, au terme de trois tours de scrutin et dix heures d’un conseil métropolitain tendu comme jamais, le président sortant divers gauche Christophe Ferrari est réélu. Il bat alors Yann Mongaburu, « Monsieur Transports » de la Métropole et candidat soutenu par le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle. Lequel Eric Piolle pousse alors une grosse colère. Car, pour conserver son fauteuil, Christophe Ferrari a bénéficié dès le premier tour du soutien des Marcheurs. Avant que la droite ne se rallie elle aussi à sa candidature. La guerre des gauches éclate alors.

Les communistes et les écologistes crient au scandale. Ils s’estiment trahis. En face, socialistes et élus des petites communes campent sur leurs positions : une opposition à Yann Mongaburu, personnalité qu’ils jugent clivante et surtout trop grenobloise. Pour Eric Piolle, il s’agit là d’un revers. Le premier depuis son élection à la mairie de Grenoble, en 2014. Un camouflet alors même que l’édile ne cache plus ses ambitions nationales. Le maire affirme alors qu’il ne siégera pas dans l’exécutif. Les communistes lui emboîtent le pas. Christophe Ferrari se retrouve dans l’incapacité de faire élire ses vice-présidents. Virtuellement, il n’a alors même plus de majorité.

Dans les couloirs d’Alpexpo, où se tient le conseil, les noms d’oiseaux volent. Les insultes fusent. Le chaos s’installe… Des recours en justice sont vainement intentés par des proches d’Eric Piolle contre l’élection de Christophe Ferrari. Même le Préfet conteste devant le Tribunal administratif la nomination, invalide selon lui, de huit conseillers délégués par le Président de la Métropole.

 

Pourquoi cela pourrait encore bloquer ?


Le 11 septembre dernier, à Vizille (bastion de la Révolution, ce n’était pas une coïncidence…), les quatre groupes de l’ancienne majorité de gauche se retrouvent enfin et actent leur volonté de travailler ensemble pour sortir de la crise. Mais patatras ! Quelques jours plus tard, l’élu de droite Dominique Escaron, maire du Sapey-en-Chartreuse, explique au Dauphiné Libéré avoir été contacté par un écologiste afin de bloquer une délibération lors du conseil de ce vendredi 18 septembre.

Après s’être offusqué du soutien de la droite à Christophe Ferrari, c’est donc avec elle que les Verts tenteraient de pactiser. Une information démentie les écologistes (ils ne pouvaient pas faire autrement…) mais qui déclenche une nouvelle colère, celle de Christophe Ferrari : « Je suis trompé, la gauche plurielle est trompée », écrit-il alors.

Ce jeudi 17 septembre, à 16 heures, les négociations ont pourtant recommencé. A huis-clos, évidemment. Car les points d’achoppement demeurent nombreux. Le premier, et non des moindres, est la place de Yann Mongaburu, candidat malheureux d’Eric Piolle en juillet dernier. Il pourrait conserver son poste de Monsieur Transports de la Métropole. Mais il viserait aussi la première vice-présidence. Ce qui constituerait un duo potentiellement explosif avec Christophe Ferrari, à en croire certains élus issus des petites communes qui s’opposent donc à ce scénario.

Et comme si tout cela n’était pas déjà assez compliqué, voilà qu’apparaissent des dissensions au sein même des groupes politiques. Certains écologistes reprocheraient à Eric Piolle le fait de ne pas être assez dur avec Christophe Ferrari. Certains socialistes mettent, eux, la pression sur le Président pour qu’il « lâche le moins de lest possible ».

Autant dire que la bienveillance n’est toujours pas le maître-mot au sein de la gauche grenobloise. Mais il ne faudrait pas, non plus, oublier une autre composante de cette guerre intestine : le groupe des Marcheurs. On l’a dit, ils ont soutenu la candidature de Christophe Ferrari dès le premier tour de scrutin. Parmi eux, certains sont d’ailleurs d’anciens socialistes à l’image de Fabrice Hugelé, maire de Seyssins, ou Laurent Thoviste, président de groupe et adjoint au maire de Fontaine. Mais Christophe Ferrari s’est toujours défendu d’avoir négocié un accord avec eux.

Le 13 septembre, sur le plateau de « Dimanche en Politique », Laëtitia Rabih, co-présidente du groupe socialiste, confirmait d’ailleurs que les Marcheurs ne feraient pas partie de la majorité, ce qui est un casus belli pour les écologistes. Sauf que, via un communiqué, ces mêmes Marcheurs se disent tout à fait prêts à apporter leur pierre à l’édifice. Contesté sur sa gauche, Christophe Ferrari va donc devoir aussi parler à sa droite pour éviter de se retrouver pris en étau… Contrairement à son célèbre slogan, la Métropole semble donc loin d’être apaisée.

 

Mais pourquoi cette élection des vice-présidents est-elle aussi importante ?


Parce que l’élection des vice-présidents, c’est un peu la mise en place du « gouvernement » de la Métropole. Et c’est aussi l’assurance d’avoir une majorité dans l’hémicycle. Or, sans majorité et sans gouvernement, c’est la paralysie qui s’installe.

Ce qui pourrait être très grave tant les compétences de la Métropole sont riches et variées : elle gère la collecte des déchets, les transports, l’aménagement du territoire, la protection de l’environnement et s’occupe encore du développement économique.

Dans un contexte de crise, il est nécessaire que les collectivités locales fonctionnement normalement pour relancer, à leur échelle, l’économie via des commandes publiques ou la mise en route de nouveaux chantiers. Il y a quelques jours, le Medef, par exemple, s’alarmait d’une éventuelle paralysie car les conséquences seraient très lourdes sur les futurs chantiers.

Il faut dire que la Métropole gère tout de même un budget de plus de 700 millions d’euros par an ! Les élus n’ont donc pas le choix : ils doivent se mettre d’accord d’une façon ou d’une autre.

 
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