Au lendemain des nouvelles mesures annoncées par le gouvernement pour endiguer la pandémie de Covid-19, le monde de la culture et les restaurateurs sont atterrés. Le couvre-feu avancé d'une heure et le report de l'ouverture des cinémas ne passe pas.
Ils espéraient rallumer les salles obscures à la mi-décembre pour offrir un peu de rêve aux amoureux du grand écran. Il n'en sera rien. Les cinémas devront patienter jusqu'au 7 janvier 2021 pour accueillir à nouveau du public. Le Premier ministre Jean Castex l'a annoncé jeudi 10 décembre face à la persistance de l'épidémie de Covid-19 et au risque d'une nouvelle flambée des contaminations lors des fêtes de fin d'année. Pour les exploitants de cinémas à Grenoble, la pilule est amère.
"C'est un sentiment de stupeur, d'incompréhension, d'injustice, se désole le directeur du cinéma Pathé Chavant à Grenoble, Alain Weislo. On avait appliqué le protocole sanitaire de manière assez exemplaire dans tous les cinémas. On avait vraiment prévu de rouvrir. En plus, on avait une très belle offre de films sur la fin de l'année. Et là, ça tombe comme un coup d'arrêt, comme une douche froide." La ministre de la Culture Roselyne Bachelot dit avoir demandé une aide supplémentaire de 35 millions d'euros pour ce secteur sinistré par la crise.
Les restaurateurs vent-debout
Les métiers de bouche partagent le même sentiment d'abandon que le monde de la culture. Les restaurants devront fermer dès 20 heures au lieu de 21 heures - comme l'avait annoncé Emmanuel Macron le 24 novembre - dès la mise en place du couvre-feu. Une heure de travail en moins et une décision ressentie comme un coup de grâce.
"Nos restaurateurs sont une fois de plus impactés par ce couvre-feu qui en plus arrive très tôt, à des heures où on va encore chercher son repas du soir. Ils vont pouvoir faire de la livraison, mais qui dit livraison dit commission donnée aux livreurs, note Gaétane Besson-Chavant, directrice de l'UMIH (Union des métiers de l'industrie et de l'hôtellerie) en Isère. Les restaurateurs s'organisent, s'adaptent pour pouvoir survivre parce que la vente à emporter ne fait pas le chiffre dont ils ont besoin. Une fois de plus, on leur demande de s'adapter."
Dans le petit restaurant grenoblois de Marie Duthu, la vente à emporter s'arrête à 18 heures. Son établissement ne sera pas impacté par le nouveau couvre-feu mais la gérante reste solidaire. "Ca complique encore la situation des commerçants et notamment des petits restaurateurs, juge-t-elle. Nous, la vente à emporter, on l'arrête un peu avant donc ça ne nous affecte pas directement. Mais je pense à tous mes collègues et confrères."
Restaurateurs, hôteliers et acteurs du monde de la culture manifesteront lundi 14 décembre sur la place des Invalides, à Paris, pour faire entendre leur colère.