Personnels soignants, habitants de Grenoble, usagers... Ils étaient environ 300 à s'être rassemblés devant la clinique mutualiste de Grenoble, ce jeudi 30 janvier, pour préserver ce modèle de clinique privée non-lucrative. Elle offre des soins de qualité qui ne coûtent rien aux patients.
Sur le parvis de la clinique du Groupement hospitalier mutualiste de Grenoble (GHMG), Thierry Carron, délégué syndical Force Ouvrière, en poste depuis 19 ans, est soucieux. Quel sera l'avenir du 2ème plus gros établissement de santé de l'Isère, après le centre hospitalier universitaire ?
Son syndicat, majoritaire parmi les salariés de la clinique, a lancé un appel au débrayage et au rassemblement entre 12h00 et 14h00, ce jeudi 30 janvier.
La crainte d'un passage à un statut privé lucratif
Environ 300 personnes - salariés, habitants de Grenoble, usagers - ont répondu présent. Toutes craignent que cet établissement de santé privé - propriété de la mutuelle ADREA qui fait partie du groupe Aésio - ne passe d'un statut privé non-lucratif à un statut privé lucratif. "J'ai peur que les patients n'aient à payer des dépassements d’honoraires énormes, souligne Thierry Carron. [Actuellement, les soins sont pris en charge par l'assurance maladie et par le GHMG, ndlr] Et le groupement hospitalier mutualiste de Grenoble ne pourra plus assurer tous les soins, notamment les urgences ou la maternité. Ces activités se reporteraient donc sur les urgences du CHU, qui sont déjà asphyxiées."
Avec 400 lits, 200 médecins, 1100 salariés et plus de 160 000 patients accueillis chaque année, le GHMG est un acteur majeur du système de santé isérois. Pour autant, il cumule 24 millions d'euros de dette.
"Pour deux milliards d'euros de chiffre d'affaires en 15 ans ! ajoute Thierry Carron. 24 millions d'euros ce n'est pas si énorme. Et il y a des marges de manoeuvre qui peuvent nous permettre de revenir à l'équilibre."
Une dette de 24 millions d'euros
"C’est un déficit structurel qui se reporte d’année en année. ADREA a accompagné depuis longtemps la situation du GHMG. Nous avons parfois abandonné des créances, précise Denis Philippe, vice-président d'ADREA. Nous l’avons fait parce que nous estimions qu’il fallait que cet établissement dure, continue. Et ce n’est pas parce que nous nous désengageons aujourd’hui que nous nous désintéressons de son avenir."Mais il n'y a là rien de rassurant pour Thierry Carron, pour qui le passage au privé lucratif engendrera nécessairement des coupes budgétaires : "Le ratio patients-soignants va être diminué donc, effectivement, la qualité des soins sera moindre. Pour les salariés, les conditions de travail seront plus difficiles, avec des baisses de salaires probables".
Un rachat par une coopérative de salariés, d'habitants et de collectivités ?
A l'initiative de Force ouvrière, un contre-projet de rachat, sous la forme d'une société coopérative d'intérêt collectif à but non lucratif, a donc été monté pour tenter de reprendre l'exploitation de la clinique mutualiste. "Cette coopérative permettrait d’avoir plusieurs collèges : salariés, habitants de Grenoble, investisseurs, collectivités territoriales et publiques", explique le délégué syndical.Une pétition, qui recueille pour l'heure un peu plus de 8 000 signatures, a également été lancée sur le site change.org.
ADREA étudiera les offres de rachat aux mois d'avril-mai, y compris celle de la coopérative, et choisira le repreneur avant l'été.
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