Une centaine de sages-femmes ont manifesté ce lundi 8 mars dans les rues de Grenoble pour demander une revalorisation salariale et une meilleure prise en considération de leur profession.
Elles ont choisi la journée internationale du droit des femmes pour se faire entendre. Une centaine de sages-femmes ont manifesté dans les rues de Grenoble, ce lundi 8 mars, habillées en servantes écarlates - costume rouge intégral et coiffe blanche -, en référence au livre éponyme de Margaret Atwood, La Servante écarlate, sorti en 1985 et adapté en série en 2017. "Sage femme, code rouge", criaient-elles avec des banderoles.
Dans le cadre d'un accouchement, le code rouge est la menace immédiate du pronostic vital maternel et/ou fœtal. On emploi ce terme lorsque le bébé est proche de mourir. Etre habillées en rouge est un geste symboliquement fort. "C'est une couleur choc, nous sommes dans le rouge, témoigne Alexandra Licina, sage-femme et instigatrice de ce rassemblement. On en a assez d'être entendues, de ne pas être reconnues. On est les servantes écarlates du peuple, de la nation."
Ce n'est pas la première fois que les sages-femmes manifestent. Ce n'est pas non plus la première fois qu'elles demandent une revalorisation salariale et une meilleure prise en compte de la situation. Mais l'épidémie de Covid-19 a aggravé la leur. "On a été oubliées du SEGUR de la santé - elles s'estiment considérées comme une profession paramédicale et non médicale - et dans le débat sur les masques, on veut être reconnues comme une profession de premier recours", poursuit l'organisatrice de ce rassemblement.
Grenoble et sa région surdotées
Une manifestation où Aurore, sage-femme depuis 20 ans, était présente. "On en a marre d'être méprisées, de ne pas être reconnues. Il y a une urgence de reconnaitre cette profession médicale et de nous respecter comme tel."
Après la manifestion, Aurore a commencé sa journée avec une patiente qui souhaitait bénéficier d'exercices de yoga pour "soulager ses ligaments et le bas du dos" en vue d'un accouchement futur. Aurore est désormais sage-femme libérale après un début de carrière en maternité. Ses journées sont longues - "8 heures - 19 heures avec une pause de 15-20 minutes le midi" - pour un salaire net entre 2 000 et 2 200 euros. "Je gagne plus que quand j'étais en maternité", avoue t-elle. "Mais beaucoup de sages-femmes libérales sont en grande précarité."
Comment l'explique t-elle ? "Les patientes ne sont pas forcément orientées par les maternités par les différents intervenants de la santé." Aussi, au sein du territoire grenoblois, les sages-femmes ne manquent pas. "A Grenoble, on est surdoté en sages femmes. Nous sommes trop nombreuses par rapport aux patientes et parturiantes."
Etre considérées comme une profession médicale
Par ce type de rassemblements, les sages-femmes veulent également montrer que leur rôle ne se cantonne pas à la préparation de la grossesse. Aurore cite : "Suivi gynécologique de prévention, frottis, examen clinique des seins, surveillance de la contraception, actes d'examen complémentaires, nous orientons vers le profesionnel adéquat..."
Ces manifestations ont le mérite de rappeler aux autorités gouvernantes, si elles l'avaient oublié, les revendications des sages-femmes. Des femmes - à 98 % - qui espèrent être entendues. Enfin.