Le procès ouvert lundi 21 juin ravive une immense douleur. Le 29 juillet 2018, Adrien Perez est tué d’un coup de couteau à la sortie de la boîte de nuit Le Phoenix à Meylan, en Isère. Deux frères sont poursuivis devant les assises pour le meurtre du jeune homme.
Trois ans après les faits, le nom d’Adrien Perez résonne encore dans la mémoire des Grenoblois. Sa mort avait provoqué une vive émotion dans l’agglomération, rassemblant près d’un millier de personnes lors d’une marche blanche organisée en sa mémoire.
Jusqu'au 2 juillet, les trois suspects comparaissent devant la cour d’assises de l’Isère. Agés de 19 à 21 ans, ils sont accusés d’avoir poignardé à mort Adrien Perez et comparaissent pour "meurtre, tentative de meurtre sur un des camarades de la victime et violences aggravées sur deux autres victimes".
La nuit où tout a basculé
Il était 5h30 le 29 juillet 2018 lorsque les gendarmes de Meylan sont appelés à l’aide pour des faits de violence devant une discothèque de Meylan. A leur arrivée au Phoenix, deux jeunes hommes blessés par arme blanche sont déjà pris en charge par les pompiers et le Samu. Il s’agit d’Adrien Perez et d’un de ses amis, Mathieu Porte.
Poignardé en plein cœur, Adrien décède des suites de ses blessures, une demi-heure après l’arrivée des gendarmes. Son ami est transporté au CHU dans un état grave. En voulant défendre un ami, Adrien a reçu un coup de couteau en plein cœur avant de s’effondrer sur le parking de la discothèque. Il fêtait ce jour-là ses 26 ans.
Les deux frères, Younès et Yanis El Habib seront jugés pour le meurtre d’Adrien Perez, la tentative de meurtre de Mathieu Porte mais aussi pour des violences sur deux autres amis du groupe. Ils encourent jusqu’à 30 ans de réclusion criminelle.
Le troisième suspect, Liam Djadouri, libre, mais sous contrôle judiciaire, est poursuivi pour des violences envers la jeune femme qu’Adrien a voulu défendre. Il risque cinq ans de prison. " Il se retrouve en cour d'assises pour des actes délictuels, et est témoin dans cette affaire" estime son conseil Maître Bernard Ripert qui affirme "qu'il est encore sous le choc de ce qu'il s'est passé, mais qu'il n'a rien à voir avec cette terrible mort, qu'il considère comme un tragique accident".
Une violence totalement gratuite, injuste, qui a tourné au massacre"
Trois ans après le drame, Maître Dreyfus, l'avocat des parents d'Adrien Perez témoigne de leur état d'esprit : "De la tension, de l'angoisse forcément, mais une certaine sérénité, car ils savent ce qu'il s'est passé. Une énorme attente en la justice, ils lui font confiance (...) la justice ne réparera pas la mort d'Adrien, la justice ne rend pas la vie. Ils espèrent une écoute face à cette violence totalement injuste, gratuite, qui a tourné au massacre comme certains l'ont dit au cours de la procédure. Et ils attendent tout au moins un apaisement qui puisse panser quelque peu cette plaie qui saigne, et qui saignera toujours, même après le temps de la justice".
Mathieu Porte est un survivant, il a failli mourir à quelques centimètres près, il est important pour lui de témoigner devant les jurés"
La scène du drame a été enregistrée par plusieurs caméras de vidéosurveillance, mais n'est pas toujours très lisible. "Mathieu Porte est un survivant, il a gravement été blessé, il a failli mourir à quelques millièmes de centimètres près, cela fait trois ans qu'il réfléchit tous les jours à ce procès", raconte son avocat Maître Arnaud Levy-Soussan, qui ajoute "il y a un grand traumatisme, il y a la douleur d'avoir perdu son ami, il y a aussi une attente de pouvoir témoigner devant les jurés, face à ses agressurs présumés qu'il n' a pas revus depuis, il n'y a pas eu de reconstitution, il n'attend pas ce procès pour se reconstruire, c'est un processsus long et douloureux, mais c'est important pour lui que les choses soient enfin dites et posées".
Je suis le seul responsable, mais je ne voulais pas tuer"
Le procès a débuté à 9 heures lundi matin au palais de justice de Grenoble par le tirage au sort des jurés, l'appel des témoins puis des experts.
Dans le box des accusés, les trois prévenus ont brièvement pris la parole. Cheveux courts, rasé de près, et chemise blanche, Younés, l'aîné des deux frères, a déclaré "être le seul responsable des coups de couteau portés à Adrien et à Mathieu, mais qu'il ne voulait pas les tuer".
Pour son avocat Maître Guillaume Fort "Younes El Habib n'a pas voulu tuer, il s'est rendu seul à la police, il reconnaît les faits, il veut expliquer, en prenant en compte la souffrance de la famille , qu'il s'est fait prendre dans une rixe qui a mal tourné,les parties civiles demandent une décision d'exemplarité, nous demandons une juste peine, qui prenne en compte sa personnalité, et son intention. Cest un jeune intégré, qui n'a pas de de casier judiciaire, sa mère a un master 2, son père est médiateur, il était bénévole auprès des sans-abris, il n' a jamais eu l'intention de tuer, il redoute d'être confronté à la souffrance qu'il a pu créer."
L'audience a repris à 14 heures. De nombreux témoins seront appelés à la barre. Les prochains jours seront consacrés à l'enquête et l'expertise de la personnalité des accusés.
Le procès doit durer jusqu'au 2 juillet.