Des années après la disparition inexpliquée de leurs proches en Isère et aux alentours, des familles dénoncent le silence de la Justice et des enquêtes inachevées. Elles se sont réunies ce samedi 13 février dans le cabinet grenoblois de leur avocat, maître Bernard Boulloud.
Comment gérer le silence de la Justice après la disparition non résolue d'un proche ? C'est la question soulevée par trois familles, qui se disent aujourd'hui abandonnées par les autorités judiciaires. En cause notamment : l'absence de résolution qui mine les familles, réunies ce samedi 13 février dans le cabinet grenoblois de leur avocat, maître Bernard Boulloud, afin de faire entendre leurs voix malgré le passage des années.
"On souffre énormément", confie la sœur de Malik Boutvillain, disparu en 2012 à Echirolles, alors âgé de 31 ans. "On n'a pas besoin que les hommes et les femmes qui font la Justice nous malmènent plus. On a besoin qu'on nous aide à les retrouver. S'ils ne sont pas capables, qu'ils nous le disent."
"Aucune nouvelle" depuis deux ans
Comme elle, les deux autres familles n'ont pas vu de magistrat depuis 2018, date où certains dossiers avaient été rouverts suite à l'affaire Nordahl Lelandais. "On devait être reçus tous les six à huit mois, et là ça fait deux ans au mois de novembre que je n'ai aucune nouvelle, qu'on ne sait pas si les dossiers sont vides, si il y a un avancement", regrette Régis Pique. Son compagnon, Eric Foray, a disparu dans la Drôme en 2016, alors qu'il allait faire ses courses au supermarché.
"On est dans l'incertitude, dans l'attente, tout le temps, tout le temps, tout le temps, ascène Régis Pique. Il n'y a plus rien qui se passe, on se sent vraiment abandonnés." Au centre de la réclamation de ces trois familles, parmi une quinzaine en tout : un droit à l'information, à être tenues au courant régulièrement du contenu des dossiers, comme la loi les y autorise.
Retrouvez le reportage de Florine Ebbhah et Yves Marie Glo :
Pour Janine Suppo, le silence des autorités judiciaires, "c'est comme si on n'existait pas, et comme si nos disparus n'existaient pas non plus". Mère de Nicolas Suppo, disparu à 30 ans en 2010 à Echirolles, elle affirme être "dans le rien depuis plus de dix ans". "Le rien parce qu'on ne sait pas ce qui s'est passé. Le rien parce que la Justice ne nous répond pas. Le rien, c'est insupportable."
"De la souffrance qui s'ajoute à la souffrance"
Alors, leur avocat, maître Boulloud, doit multiplier les procédures légales pour obtenir les nouvelles, que la Justice doit fournir pour le bien des familles. Sauf que lui non plus, on ne lui répond pas :
Ça oblige les familles à engager des frais supplémentaires pour saisir le président de la chambre d'instruction, faire un mémoire, faire des diligences dont elles pourraient bien se passer.
Pour lui, ce silence, "c'est de la souffrance qui s'ajoute à la souffrance, et c'est la Justice qui est responsable".